Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/20

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naire dont il avoit publié le prospectus en quittant Paris, fut l’objet constant de ses travaux, et le plus beau monument qu’il éleva à sa gloire. Il ne perdit pas un jour sans faire une observation, sans tenter de nouvelles expériences. Il en tenoit un journal très-exact, et il en enrichit les meilleurs articles de son ouvrage.

Les auteurs qui ont travaillé sur le même sujet ont, pour la plupart, composé leurs écrits sans sortir de leur cabinet, d’après les mémoires qu’on leur a fournis, et sans consulter l’expérience, qui est dans les arts presque le seul guide qui ne trompe point. Rozier, au contraire, a sans cesse subordonné la théorie à la pratique : il a vu, il a exécuté lui-même ce qu’il conseille de faire ; c’est un maître qui prêche d’exemple. Dégagé de prévention, en garde contre la manie pernicieuse de vouloir tout innover, il ne retranche dans les anciennes méthodes que les abus, et conserve tout ce que le tems a démontré utile et bon. Qu’on lise avec attention les grands articles dans lesquels il a pu donner un libre essor à sa pensée, on admirera l’ordre et la clarté qu’il met dans ses discussions, et dans l’exposition de ses principes, la force qu’il emploie quand il s’agit de déraciner de vieux préjugés, l’espèce de teinte sombre qui règne dans son style lorsqu’il désespère du succès, la gaîté au contraire dont il se pare lorsqu’il annonce une découverte précieuse qui est accueillie, et qui peut ajouter à nos richesses territoriales.

Le premier volume du Cours d’agriculture parut en 1783. Un de ses collaborateurs, dans le prospectus qui fut publié, vouloit se servir de ces mots, tableau du traité ; Rosier répondit : « Je veux tableau du travail et non du traité. Pour ce second il faudroit table et non tableau. Nous sommes des avocats-généraux et rien de plus. D’ailleurs le mot traité est orgueilleux, celui de travail est plus modeste. Je ne change pas