Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’idée ; si M… veut le mot traité, il est bien le maître, quant à mes articles, je veux travail ».

Le censeur de son ouvrage se permit une fois d’y ajouter une note. Rozier écrivit sur-le-champ : « Ce que j’ai dit n’attaque ni les mœurs, ni la religion, ni la constitution de l’État, et ne peut être, ni au moral, ni au physique, nuisible à la société. Qu’il ait sa manière de penser à lui, j’y consens ; mais qu’il me laisse respirer l’air et avoir mon opinion. Si elle est erronée, il y a 20000 journaux où il peut l’attaquer, je ne m’y oppose pas, alors je répondrai… en un mot comme en mille, je veux un carton et qu’aucun exemplaire ne paroisse sans lui ; s’il en est autrement je discontinue l’ouvrage ».

Il mettoit la même franchise et la même fermeté dans toutes ses actions. On ne le vit jamais plier devant le pouvoir, ni s’abaisser pour solliciter des grâces. Il écrivoit comme il pensoit et il agissoit de même. C’est à ce caractère indépendant et fier qu’il faut attribuer les tracasseries qui troublèrent son repos. En arrivant à Béziers on l’avoit accueilli avec transport. Mais cet enthousiasme ne dura guères. Les fanatiques ne pouvant s’habituer à voir un philosophe dans un prêtre, le persécutèrent indignement. Ils lui firent regretter de ne pas avoir choisi, comme son ami Poivre, les environs de sa patrie pour dernière retraite. Une injustice criante le força bientôt à ce parti. L’évêque de Béziers avait fait faire aux dépens du public un chemin qui ne servoit qu’à la métairie de sa maîtresse tandis qu’il auroit été, en le faisant passer dans la direction la plus droite, utile à quatorze métairies et à un village entier ; Rozier en fut si indigné qu’il intenta un procès à l’évêque. Celui-ci s’en vengea en obtenant du contrôleur général la suppression d’une très-modique pension que son adversaire avoit sur le trésor public. L’abbé ne fut