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ce que de nouvelles pluies renouvellent le réservoir. Si de trop longues sécheresses le laissoient épuiser, les plantes languissent et meurent bientôt.

Pour constituer un bon sol végétatif, il ne suffit pas que le dessus de la terre soit composé dans les proportions dont on vient de parler, il faut encore que cette première couche ait une sorte de profondeur. Quand elle n’est épaisse que de quelques centimètres, et qu’elle repose sur le tuf ou sur une argile trop compacte, il ne s’établit point de dépôt : et les principes alimentaires qu’elle contenoit sont bientôt épuisés par les plantes qu’on lui confie.

À la longue, les bonnes terres s’effritent aussi ; et l’on ne peut espérer d’en tirer un avantage continuel sans y déposer de temps en temps de nouveaux principes alimentaires, de l’oxygène, de l’hydrogène et du carbone. On les trouve réunis en assez grandes masses sous des formes peu volumineuses dans les parties excrémentielles des animaux et dans la terre végétale proprement dite. On emploie utilement aussi certains minéraux, non comme engrais, mais comme amendement des terres. Tels sont les craies et les marnes qui, par le moyen du mouvement fermentatif que leur impriment l’humidité et la chaleur, atténuent et divisent les molécules terrestres et en rendent la masse plus perméable aux substances élémentaires de la sève.

La Séve est un corps humide, onctueux, qui ne prend de forme et ne contracte de goût que dans le sujet qu’elle pénètre. La fluctuation qu’elle y éprouve consiste dans un mouvement d’ascension pendant le jour et de descension pendant la nuit. Ses principes sont aspirés pendant le jour par les racines ; et la chaleur du soleil favorise leur ascension dans toutes les parties du végétal. Lorsque cet astre disparoît de dessus notre horison, l’air devient plus frais, condense les vapeurs et les contraint, pour ainsi dire, de redescendre vers les racines où elles restent comme suspendues sur celles qui tendent à s’élever de la terre. Les canaux de la plante resteroient vides, si les feuilles par leurs trachées n’aspiroient alors les gaz répandu dans l’atmosphère ; c’est par ce mouvement continuel, et par le dépôt de ces substances primitives, que la vigne croît, pousse ses sarmens, donne des fleurs et des fruits. Cette abondance de nourriture lui deviendroit funeste, si la nature ne lui avoit pas ménagé, comme aux autres plantes, les moyens de se débarrasser de la portion superflue, par la transpiration.

La transpiration des plantes est toujours en raison de l’étendue de la surface de ses feuilles. Celle de la vigne est au moins dix-sept fois plus abondante que celle de l’homme, et s’exécute par les sarmens, les feuilles, les fleurs, et les fruits. Le froid et l’humidité la suppriment, et la chaleur du jour l’augmente. La transpiration qui a lieu pendant la nuit est peu sensible,