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dans un bon sol, le citoyen Olivier a vu entretenir la fraîcheur ou renouveller l’humidité au pied des vignes par des arrosemens en irrigation. Ce territoire de la capitale de la Perse est entre le 34e. et le 35e. degré de latitude ; sa chaleur moyenne est d’environ 28 degrés ; et la plus forte s’y fait sentir depuis la moitié de messidor jusqu’à la mi-fructidor, époque ordinaire des vendanges dans ce pays.

Dans les étés très-chauds et très-secs, ou arrose aussi la vigne à Téhéran : latitude 38 degrés. Cependant la neige y couvre ordinairement la terre pendant deux mois de l’hiver ; sa fonte devroit donc y former des dépôts d’humidité ; mais les bancs argileux y sont placés sans doute à de trop grandes profondeurs pour produire ces bienfaisantes rosées qui revivifient sans cesse les plantes, dans nos climats européens, dans ceux même qui sont à des latitudes plus méridionales que Téhéran, comme Malaga, etc.

Le citoyen Fleurian, compagnon de voyage de Dolomieu, aux îles Lipari, nous a dit avoir vu sur la montagne de l'île de Stromboli, la vigne cultivée dès la plaine et s’étendre jusqu’à six cents mètres au-dessus du niveau de la mer ; elle est plantée dans une terre volcanique et soutenue à cette hauteur par des roseaux. Ils la protègent contre la violence des vents qui sont fréquens et très-impétueux dans cette contrée. Remarquez que le roseau arundo donax ne végète point sans une assez forte dose d’humidité.

On sait que, dans les belles plaines de la Lombardie, la vigne mûrit très bien accolée au peuplier ; et le peuplier populus nigra ne vient point dans les terres sèches. Enfin il est constant que la vigne ne végète point où il n’y a pas de dépôts d’humidité et que ces dépôts ne se forment point dans les contrées où il ne pleut pas.

Dans nos climats tempérés de l’Europe, vers le centre et le Nord de la France, sur-tout, ce ne sont pas, comme nous l’avons déjà observé, les alimens séveux qui manquent à la végétation de la vigne ; mais le degré de chaleur n’y est pas indistinctement par-tout dans une exacte proportion avec leur abondance. C’est-là ce qui force les cultivateurs-vignerons, et sans que la plupart d’entr’eux s’en doutent, à faire choix, dans de telles latitudes, d’expositions particulières, de sites privilégiés où ils trouvent un climat convenable pour la culture de la vigne ; car ce n’est pas la latitude seule qui décide la température d’un lieu. La nature du terrein, la position des montagnes, les vents, le voisinage ou l’éloignement de la mer, des rivières, des forêts n’y contribuent, pour ainsi dire, guère moins que le plus ou le moins d’élévation du pôle.

En creusant la terre on remarque qu’elle est composée de lits et de couches dont l’épaisseur et la direction sont assujetties à des dispositions régulières et constantes. Les argiles, les sables, les schistes, les rocs vifs, les grès étendus, les marnes, les pierres à chaux sont posés par bancs. L’assise de terre