Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/277

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végétative est toujours à la surface du globe ; elle recouvre toutes les autres couches. Aucune n’est placée suivant sa pesanteur spécifique ; les plus pesantes se trouvent souvent sur les plus légères ; il n’est pas rare de rencontrer des rochers massifs qui ont des sables ou des glaises pour support. La disposition de ces couches sert à recueillir et à distribuer régulièrement les eaux de pluie, à les contenir en différens endroits, à les verser par les sources, qui ne sont proprement que l’interruption et l’extrémité d’un aqueduc naturel formé par deux lits de matières propres à voiturer l’eau. Elle est contenue par les couches de glaise qui règnent dans une grande étendue du globe ; et la pente de ces couches lui procure un écoulement. Suivant leur position, les eaux séjournent donc ou près de la surface de la terre ou à de très grandes profondeurs. Leur plus ou moins grande distance de la surface d’une contrée quelconque, le plus ou le moins d’éloignement de la mer, des fleuves, des rivières, des sources, des forêts, respectivement à cette contrée, augmente ou diminue la quantité des vapeurs qui flottent dans son atmosphère. Ces vapeurs condensées forment les nuages, que les vents transportent et font circuler dans tous les climats. Ils s’élèvent en se dilatant ou s’abaissent en se condensant, suivant la température de l’atmosphère qui les soutient. S’ils rencontrent, dans leur course, l’air plus froid des montagnes, ou bien ils y tombent en flocons de neige, en brouillards, en rosées, conformément à leur état de densité et à leur élévation ; ou bien ils s’y fixent et s’y résolvent en pluie.

De même que les nuages sont assujettis à l’impulsion des vents, les vents eux-mêmes sont subordonnés, dans leurs cours, à de certaines circonstances locales. Réfléchis par les montagnes, leurs effets s’étendent d’abord à de très grandes distances, parce que leur direction dépend du premier courant qui les produit, et des ouvertures plus ou moins resserrées par lesquelles ils sont dirigés. Ces courans d’air sont en général très-variables : cependant il est des lieux dans lesquels ils sont en quelque sorte périodiques, et comme assujettis à certaines saisons, à certains jours, à certaines heures. Olivier a remarqué, en Perse, que les vents y viennent fréquemment de la terre pendant la nuit, et de la mer pendant le jour. Au reste, les montagnes, les différentes bases du terrain changent la direction des vents : elles peuvent en atténuer ou en accélérer la rapidité ; aussi la position d’une chaîne de montagnes décide-t-elle souvent de l’été et de l’hiver entre deux parties d’une contrée qu’elle traverse. Toutes ces circonstance particulières, auxquelles il faut ajouter le plus ou le moins d’élévation d’un lieu, relativement au niveau de la mer, le plan plus ou moins incliné de la surface, doivent être prises en grande considération, parce qu’elles entrent pour beaucoup dans la formation de la température qui y règne.