Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/318

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À cette exposition, la vigne peut se présenter sans danger et dans toute son étendue aux regards du soleil ; les lignes peuvent être parallèles à cet astre ; avant de les frapper directement ses rayons ont échauffé l’atmosphère ; la gelée n’existe plus, l’humidité du matin est dissipée, la plante elle-même est pénétrée d’assez de chaleur pour n’avoir plus à redouter celle du milieu du jour, quelqu’adurante, pour ainsi dire, qu’elle puisse être. Des cultivateurs de bonne foi nous objecteront sans doute que cette méthode d’espalier les vignes, quelque avantageuse qu’on la suppose, ne peut être généralement admise, parce que la cherté du bois ne permet pas de la mettre en pratique dans un grand nombre de pays vignobles. Je les prie de réfléchir qu’il suffiroit souvent pour palisser de la moitié du bois qu’on emploie en échalas, que c’est plutôt un autre disposition du bois qu’on emploie, un mode différent de le dresser, qu’une augmentation de bois, qu’elle exige. Le palissage des vignes est introduit depuis plusieurs siècles dans une partie de nos départemens méridionaux, où le bois est généralement plus cher que par-tout ailleurs, et où l’on donne même plus d’élévation à ces sortes de bâtis que l’intérêt, bien entendu du propriétaire ne l’exigeroit ; ainsi ce seroit plutôt une diminution qu’un surcroît de dépense pour eux, qu’apporteroit la méthode dont nous parlons ici. Quant aux vignes moyennes dont on dispose les maîtresses branches en équerre ou en gobelet, et dont on assujettit les sarmens, en leur faisant décrire un demi-cercle, à des échalas en trépied, parce que la nature du terrain ne permet pas, comme sur la côte du Rhône, de les introduire dans la terre, nous les avons déjà données pour exemple à ceux qui travaillent sur un sol et à des expositions analogues ; ainsi la consommation du bois y reste dans la même proportion. Il ne s’agit donc que de ces vignes basses dans lesquelles un échalas, planté droit, soutient un cep avec tous ses accessoires. Dans la méthode proposée, nous dira-t-on, il faudra que le nombre d’échalas excède de beaucoup celui des ceps. Examinons cela. Combien de fois n’avons-nous pas vu de ces échalas sortir de terre de près de deux mètres, et auxquels étoient accolés des sarmens qui, après la rognure, ne s’élevoient pas à la moitié de cette hauteur ? Toute la partie des échalas qui les dépasse n’est elle pas en pure perte ? pourquoi n’en convertiroit-on pas un seul en deux ? Enfoncez ensuite chacun des pieux entre deux ceps ou à la distance d’un mètre trois ou quatre décimètres l’un de l’autre ; et attachez transversalement, avec un brin d’osier, deux gaulettes ; l’une vers le milieu, l’autre vers le haut de ces deux pieux. Les gaulettes peuvent être de tous bois, de noisetier, de châtaignier, d’aune, de bouleau, de peuplier, de saule et de toutes leurs variétés ; rien n’empêche qu’on ne les forme du bois de la vigne elle-même. Il résulte souvent de la taille, des sarmens qui ont