Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/319

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plusieurs centimètres de grosseur ; ils ont alors toute la force nécessaire pour soutenir le foible poids dont on les chargera. Si un seul sarment étoit trop court, pourquoi n’en réuniroit-on pas deux, par un lien d’osier ? Il ne s’agit pas ici de construire des treillages bien correctement maillés comme les espaliers et les contre-espaliers de nos jardins de luxe ; il ne faut que fournir un point d’appui à de foibles rameaux et les empêcher de ramper sur terre. N’est-on pas obligé de détruire et de reconstruire chaque année ces bâtis ? Point du tout. Ayez l’attention de former vos pieux de bois sain, de cœur de chêne ou de châtaignier, et, après en avoir aiguisé en pointe et charbonné l’extrémité qui doit être enterrée, d’enduire la partie supérieure de deux couches de couleur à l’huile la plus commune et seulement dans la hauteur de quelque millimètres ; et vous aurez des pieux qui résisteront pendant plus de vingt ans à toutes les intempéries. La durée des perchettes transversales sera bien moindre, il est vrai. Chaque année il en faudra même renouveller un certain nombre ; mais pouvant les former du bois le plus commun, et, pour ainsi dire, de tout âge, la dépense de leur renouvellement partiel est très-inférieure à celle qu’entraînent annuellement l’arrachage et la remise en place des échalas ordinaires, les cassures qui se font, la perte occasionnée par le fréquent aiguisement, et les avaries et les déchets qu’ils éprouvent dans leur enlassement en plein air, où ils deviennent même très-souvent la proie des voleurs.

Il nous reste à parler de l’échalassage des vignes naines, comme celles de Champagne et de nos vignobles les plus septentrionaux. Le peu de distance qu’on y laisse, d’un cep à l’autre, ne permet guère de les palisser. Cependant, il est encore possible de donner à leurs rameaux une direction oblique et même demi-circulaire. Il suffit de dresser perpendiculairement l’échalas entre deux ceps, de tirer de droite et de gauche un bourgeon de chaque cep, après qu’il a jetté son premier feu, et qu’il a acquis assez de force pour résister à son déplacement. On fait passer ces deux sarmens l’un sur l’autre ; on les attache sur le pieu, sans les serrer, et au point où ils se croisent. Si l’un ou si tous les deux se prolongent au-delà de l’échalas, de manière à s’étendre sur le cep voisin, rien n’empêche qu’au moyen d’un osier attaché à leur extrémité, on ne leur fasse décrire une courbe en liant l’autre bout de l’osier à la tige ou à l’aisselle des branches du cep qui se présente naturellement à la main du vigneron. On ne négligera pas de mettre un certain ordre dans l’arrangement et la distribution des rameaux, commençant à employer les moins longs et suivant l’ouvrage de bas en haut. Il n’est pas nécessaire de répéter, sans doute, combien sont grands les avantages de ces différens modes d’espalier la vigne, comparés à la méthode de la dresser verticalement. Celle-ci est tellement défec-