Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/324

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tation, et pendant ou immédiatement après certaines manières d’être du tems. On est quelquefois surpris de ce qu’une vigne jeune et vigoureuse tombe tout-à-coup dans un état de langueur. On voit ses feuilles pâlir et s’incliner, la croissance du raisin s’arrêter ; on attribue le mal dont elle est atteinte à de mauvais vents qui n’ont pas soufflé ; à des insectes qui n’ont pas paru ; à la privation des engrais dont elle n’avoit pas besoin : le cultivateur s’alarme, voit la cause de ce mal par-tout où elle n’est pas ; car le plus souvent il est l’effet d’un labour donné mal-à-propos, ou en temps inopportun.

Trois labours au moins sont nécessaires à la vigne, et paroissent suffire à sa prospérité. Le premier doit avoir lieu d’abord après la taille, sitôt que le terrain est débarrassé des sarmens qu’elle a supprimés. S’ils étoient encore attachés aux ceps, ils seroient un obstacle continuel à l’exécution du travail ; l’ouvrier perdroit son temps et ne trouveroit à s’en dédommager, qu’en faisant une mauvaise besogne. Le premier labour peut donc avoir lieu, dans les climats chauds, dès la fin de l’automne, c’est-à-dire, là où il est avantageux que l’humidité de l’hiver pénètre jusqu’aux racines inférieures de la plante ; autrement la terre, dont elles sont entourées, se maintiendroit constamment compacte ou en poussière, selon sa nature : Dans les vignobles où la taille à lieu à la fin de l’hiver, le labour ne peut la suivre de trop près, afin que la terre soit essorée non-seulement avant l’épanouissement de la fleur, mais même, si cela est possible, avant l’apparition du bourgeon. La terre nouvellement remuée se couvre de vapeurs qui provoquent les gelées ; on courroit risque d’en voir frapper les productions nouvellement écloses. Le labour ne doit pas être d’égale profondeur dans toutes les terres, ni sur toutes les parties du même coteau. Les terres un peu compactes veulent être remuées plus profondément que les terres sèches et pierreuses ; vers le bas des pentes où les racines sont beaucoup plus enterrées qu’on ne le désireroit, il faut pénétrer plus avant que sur les crêtes où les racines resteroient à nu, si on ne modifioit ce travail avec intelligence. Labourez dans les vallons et dans les terres liées jusqu’à un décimètre de profondeur ; mais ne donnez que six ou sept centimètres de guéret aux terres légères et dans les pentes escarpées. Les meilleures vignes étant presque toujours en côte, l’ouvrier doit se placer en travers pour exécuter le labour. De haut en bas, l’attitude seroit trop gênante : il ne pourroit la supporter. S’il travailloit de bas en haut, il attireroit toutes les terres sur la partie basse, vers laquelle elles ne se portent d’elles mêmes que trop facilement : il ne peut que résulter de nombreux inconvéniens de la manie de déchausser les racines de la vigne avant l’hiver, de les mettre à découvert pour ramener la terre qui les couvre entre deux rangées de ceps, où on lui donne la forme d’un, sillon très-bombé. Cette plante