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nations des plantes qui croissent et qui meurent dans ce sol, celles des fumiers et des engrais qu’on répand sur le terrain, doivent être absorbées par les vignes blanches comme par les vignes colorées ; cependant, comme l’effet en est très-différent dans le vin blanc et dans le vin rouge, n’est-il pas naturel de conclure ou qu’elles se modifient diversement dans ces deux sortes de cépages, pendant la végétation, on que la dissemblance de leurs résultats provient de la différence des procédés qu’on emploie dans la fabrication de l’un et de l’autre de ces vins ?

La lenteur que met la nature dans ses œuvres, ne contribue pas peu, sans doute, à leur perfection. Aussi sommes-nous très-portés à croire que les substances minérales et métalliques qu’elle détache insensiblement de la masse du sol, pour être ensuite combinées avec les élémens de la sève, dans une juste mesure, et avec la sagesse qui préside à toutes ses opérations, sont les vrais principes du goût de terroir que nous avons appellé naturel, et que souvent on devroit nommer parfum. Nous pensons encore que les gaz qui s’échappent, pour ainsi dire pur flots de certaines plantes parasites, de certains engrais ou des engrais mal composés, mal appropriés au sol, sont la cause du goût de terroir artificiel et l’origine de la saveur quelquefois détestable, inhérente aux vins de certains crûs. Ces observations qui ne sont pas étrangères, sans doute, à un certain nombre de cultivateurs, avertissent tous les vignerons qu’ils ne peuvent mettre trop de soins dans la composition des engrais, trop de circonspection dans leur distribution ; et enfin, qu’on ne peut être trop attentif, trop diligent à sarcler, à héserber les vignes.


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Section V.

Des accidens et des maladies qui surviennent à la vigne, et des différens moyens de la renouveler.

Souvent les élémens, les hommes, et les animaux, semblent s’être concertés, pour porter de funestes atteintes à la vigne, sur-tout vers les contrées du nord. Dans les régions méridionales, où les gelées sont rares, où la chaleur atmosphérique permet de donner un grand espacement aux ceps, où leur végétation est active et vigoureuse, sans que l’abondance de la sève soit un obstacle à la maturité du fruit, elle est à l’abri des maladies et des accidens, ou du moins leur effet est peu sensible ; mais, dans les pays septentrionaux, il en est tout autrement, parce que la vigne y est nécessairement foible et délicate. Il n’est pas douteux qu’une plante robuste s’aperçoit à peine d’une atteinte qui sera mortelle pour un individu de la même espèce, moins fort, moins vigoureux. Maupin qui avoit fait cette observation, en tiroit une conséquence très-avantageuse, au premier apperçu, en faveur de son système. Mais nous avons prouvé par le raisonnement et par l’expérience, que, si la vigne étoit es-