Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/337

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bois qui porte immédiatement un nouveau bourgeon, une portion de la substance corticale, jusqu’à la partie ligneuse, et seulement de la hauteur de quelques millimètres. Ayez soin que toute la partie ligneuse soit mise circulairement à découvert, mais sans être endommagée, sans avoir reçu la moindre atteinte. Recouvrez-la ensuite, en remplacement des pellicules et du liber enlevés, avec un fil de coton ou de laine, et vous serez bientôt à portée de vérifier l’effet de ce procédé. Quelque commun qu’ait été le mal de la coulure dans les autres parties de la vigne, vous verrez que la branche mise en expérience en aura été tout-à-fait exempte ; et cela, parce que la solution de continuité, dans la partie corticale, ayant nécessairement ralenti le flux de la sève, a permis à la grappe de tourner à son profit tout ce qui s’en est porté vers elle. Malheureusement ce procédé exige trop de tems et des soins trop minutieux pour pouvoir être exécuté en grande exploitation, ou ailleurs que dans les jardins et sur des treilles spécialement affectionnées ; mais il jette un grand jour sur la marche de la sève dans les végétaux, et met à découvert une des principales causes de la coulure des raisins. En conséquence, le citoyen Beffroy accuse fortement d’impéritie les vignerons qui ébourgeonnent la vigne pendant la floraison, parce qu’ils font refluer la sève vers les grappes. Il résulte des expériences comparatives que ce cultivateur a faites, en ébourgeonnant la vigne, et en taillant le pêcher à trois différentes époques de leur végétation ; savoir, avant, pendant et après la floraison, que le fruit de l’une et de l’autre espèce de ces végétaux a constamment coulé, quand les retranchemens ont été faits pendant la fleur.

Une vigne n’a pas été frappée par une gelée récente ; son fruit n’a pas coulé, er cependant elle présente un aspect affligeant : quoique jeune, elle a l’air de languir ; les pétioles sont mous ; les feuilles sont penchées ; quelques-unes même pâlissent ; son fruit est fané, quand il devroit être lisse et rebondi ; quelquefois la plus grande partie des ceps annonce une végétation saine et vigoureuse ; mais il en est un certain nombre qui annoncent de la souffrance ; ainsi le mal peut être général ou n’être que partiel : il importe de se rappeller l’état du tems et la manière dont les saisons se sont comportées pendant l’année précédente ; si les circonstances météorologiques n’ont pas été favorables à la végétation, si les ouvrages ont été faits à contre-tems, si on a tourmenté la terre, si le fruit et les sarmens ont été nourris d’humidité, et si, au tems de la taille dernière, on n’a pas rabattu sur le vieux bois, on aura commis une grande faute. Quand les sarmens ont été frappés de la grêle, les boutons voisins de la blessure ne peuvent donner que de foibles rejetions : c’étoit encore le cas de tailler à quelques centimètres au-dessous des plaies. Si après les vendanges ou n’a pas eu le soin de couper les liens qui attachent les rameaux aux pieux, aux per-