Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/338

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ches, aux échalas, la neige, le givre, les frimas y séjournent, et leur contact produit des gerçures et des ulcères qu’il est important de retrancher au temps de la taille.

Les engrais non mûrs, encore visqueux ou répandus en trop grande abondance, obstruent les conduits de la sève, et la plante ne tarde pas à succomber, si l’on ne s’empresse de modérer l’effet de cette nourriture trop substantielle. Le seul moyen de remédier efficacement au mal, c’est de transporter promptement dans la vigne, du sable sec, du gravier, de la terre de bruyère, des débris de bâtimens, ou des décombres de carrières.

Le procédé qu’on emploie le plus communément pour provigner, cause à la vigne de fréquentes maladies. Ce plancher de vieux bois que l’on construit ; pour ainsi dire, entre deux terres, finit enfin par se corrompre, par pourrir. Il n’est plus alors qu’un levain pestilentiel, qui se communique aux plantes voisines, et sur-tout à celles qui adhèrent encore, par leurs racines, aux vielles mères souches en état de décomposition. Vous voyez souffrir un cep ; le siège de la maladie n’est point apparent ; hâtez vous de le déchausser, de fouiller la terre ; suivez la trace du vieux bois ; ce ne sera souvent qu’à un ou deux mètres de distance du provin que vous trouverez la vraie, a seule cause du mal ; elle réside dans la partie chancie de l’ancienne souche, qui communique à la jeune un suc morbifique ; séparez-les l’une de l’autre ; extirpez la première du terrain, n’y laissez subsister aucune de ses parties. Quant à la seconde, examinez attentivement toutes ses racines ; s’il en est quelques unes d’ulcérées, ne craignez pas de retrancher jusqu’au vif, et recouvrez le chevelu sain qui reste avec la terre émiée de la surface du sol.

Quelque attentif que soit le vigneron, il est rare que le fer qu’il emploie au labour ou au sarclage, n’atteigne quelque tige. Il en résulte des blessures d’autant plus dangereuses, que souvent il s’en extravase abondamment une substance lymphatique, qui n’est autre chose que la sève destinée à la reproduction de toutes les parties de la plante. La blessure est ancienne ou nouvelle. Dans le premier cas, le suintement est médiocre ; on l’étanchera facilement avec l’onguent de Saint-Fiacre, ou seulement avec de l’argile. J’ai éprouvé que de la suie, ou de la fine poussière de charbon, mêlée avec du savon mou, et réduite en consistance de pâte, étoit un remède efficace. Il est plus difficile d’arrêter l’écoulement d’une plaie récente, parce qu’il est plus rapide. L’application se l’onguent dont on vient de parler, celle de la cire molle, du goudron, et même d’un fer chaud, est quelquefois insuffisante. Alors dépouillez de sa première enveloppe extérieure, toute la partie du cep qui avoisine la blessure ; pompez-en l’humidité avec un linge usé, ou mieux encore, avec une éponge, et enveloppez la branche ou la tige blessée d’un morceau de vessie ou de baudruche, enduit de poix, en