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de tous les mouvemens qui surviennent dans l’atmosphère ; les vents fatiguent la vigne dans tous les sens ; les brouillards y portent une impression plus constante et plus directe ; la température y est plus variable et plus froide ; toutes ces causes réunies font que le raisin y est, en général, moins abondant, qu’il parvient plus péniblement et incomplètement à maturité, et que le vin qui en provient a des qualités inférieures à celui que fournit le flanc de la colline, dont la position écarte l’effet funeste de la plupart de ces causes. La base de la colline offre, à son tour, de très-graves inconvéniens : sans doute la fraîcheur constante du sol y nourrit une vigne vigoureuse ; mais le raisin n’est jamais ni aussi sucré, ni aussi agréablement parfumé que vers la région moyenne ; l’air qui y est constamment chargé d’humidité, la terre sans cesse imbibée d’eau, grossissent le raisin, et forcent la végétation au détriment de la qualité.

L’exposition la plus favorable à la vigne est entre le levant et le midi ;

Opportunus ager teridos qui vergit ad œstus.

Les collines situées au-dessus d’une plaine dans laquelle coule une rivière d’eau vive, donnent le meilleur vin ; mais il convient qu’elles ne soient pas trop resserrées :

…………apertos
Bacchus amat Celles…………

L’exposition du nord a été regardée de tout temps comme la plus funeste : les vents froids et humides ne favorisent point la maturation du raisin : il reste constamment aigre, acerbe, point sucré, et le vin ne peut que participer de ces mauvaises qualités.

L’exposition du couchant est encore assez peu favorable : la terre, desséchée par la chaleur du jour, ne présente plus vers le soir aux rayons obliques du soleil, devenus presque parallèles à l’horizon, qu’un sol aride et dépourvu de toute humidité : alors le soleil qui, par sa position, pénètre sous la vigne, et darde ses feux sur un raisin qui n’est plus défendu, le dessèche, l’échauffé, le mûrit prématurément, et arrête la végétation avant que le terme de l’accroissement et l’époque de la maturité soient survenus.

Rien n’est plus propre à faire juger de l’effet de l’exposition, que de voir par soi-même ce qui se passe dans une vigne dont le terrain inégal est semé çà et là de quelques arbres : ici toutes les expositions paroissent réunies sur un même point ; aussi tous les effets qui en dépendent s’y présentent-ils à l’observateur. Les ceps abrités par les arbres poussent des tiges longues et minces, qui portent peu de fruit, et le mènent à une maturité tardive et imparfaite. La portion la plus tardive de la vigne est, en général, plus dégarnie ; la végétation y est moins robuste ; mais le raisin y est de meilleure qualité que dans les bas fonds. C’est toujours sur la partie la plus ex-