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Aristote, aux enfans et aux nourrices ; et Parmarius nous apprend que les lois de Rome ne permettoient aux prêtres ou sacrificateurs que trois petits verres de vin par repas.

Malgré la sagesse des lois, et surtout, malgré le tableau hideux de l’intempérance et ses suites toujours funestes, l’attrait pour le vin devient si puissant chez quelques hommes, qu’il dégénère en passion et en besoin. Nous voyons, chaque jour, des hommes, d’ailleurs, très-sages, contracter peu-à-peu l’habitude immodérée de cette boisson, et éteindre dans le vin leurs facultés morales et leurs forces physiques.

Narratur et prisci Catonîs
Sæpè mero incaluisse virtus.

L’histoire nous a conservé le trait de Venceslas, roi de Bohême et des Romains, qui, étant venu en France pour y négocier un traité avec Charles VI, se rendit à Rheims, au mois de mai 1397 : il s’enivroit chaque jour avec le vin de ce pays, et préféra consentir à tout, plutôt que de ne pas se livrer à ces excès. (Observations sur l’agriculture, tom. II, p. 191).

La vertu du vin diffère par rapport à l’âge ou vétusté. Le vin récent est flatueux, indigeste et purgatif : mustum flatuosum et concocta difficile. Unum in se bonum continet quod alvum emolliat. Vinum rarum infrigidat — mustum crassi succi est et frigidi.

Les anciens confondoient ces mots : mustum et novum vinum. Ovide nous dit : qui nova musta bibant. Undè virgo musta dicta est pro intactâ et novellâ.

Il n’y a que les vins légers qu’on puisse boire avant qu’ils ayent vieilli. Nous en avons donné la raison dans les chapitres précédents. Les Romains, ainsi que nous l’avons observé, pratiquoient cet usage, et ils buvoient de suite, vinum Gauranum et Albanum, et quæ in Sabinis et in Tuscis nascuntur, et Amineum quod circà Neapolim vicinis collibus gignitur.

Les vins nouveaux sont très-peu nourrissans, surtout ceux qui sont aqueux et point sucrés ; corpori alimentum subgerunt paucissimum, a dit Galien.

Ces mêmes vins déterminent aisément l’ivresse, ce qui tient à la quantité d’acide carbonique dont ils sont chargés. Cet acide, en se dégageant de cette boisson par la température de l’estomac, éteint l’irritabilité des organes, et jette dans la stupeur.

Les vins vieux sont en général toniques et très-sains ; ils conviennent aux estomacs débiles, aux vieillards, et dans tous les cas où il faut donner de la force. Ils nourrissent peu, parce qu’ils sont dépouillés de leurs principes vraiment nutritifs, et ne contiennent presque pas d’autres principes que de l’alkool.

C’est de ce vin que parle le poète, lorsqu’il dit :

……Generosum et tene requiro
Quod curas abigat quod cùm spe divite manet