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livrer à un acte qu’on ne commande pas.

Il seroit à propos de séparer la femelle du mâle quelque tems avant l’époque de la chaleur. On leur donnera alors une nourriture succulente et en plus grande quantité ; on les tiendra dans une habitation ou un enclos plus spacieux ; on évitera de les troubler, et on les visitera rarement.

8°. Si malgré ces attentions le mâle refuse les approches de sa femelle, on pourra essayer de faire couvrir celle-ci par un mâle d’une espèce analogue, mais qui soit habituée à la domesticité. Ces sortes d’expériences tentées souvent, ont manqué presque toujours parce que le succès dépend essentiellement de précautions et de soins dont tout le monde n’est pas capable. On a nié long-tems que le bouc pût produire avec la brebis, le loup avec le chien ; mais des expériences mieux soignées ont constaté la fécondité de ces accouplemens.

En croisant ainsi différentes races, ou même des animaux qui paroissent de différentes espèces, on obtiendra des individus qui produiront des races nouvelles, plus avantageuses, peut-être, que celles que nous possédons.

Il y a des animaux qui ne s’allient jamais entr’eux lorsqu’ils vivent en liberté tels que le taureau ou l’âne avec la jument, le canard musqué avec les canards ordinaires ; mais ils ne répugnent pas à cette alliance lorsqu’ils sont soumis à l’homme, et engendrent des métis qui augmentent ses forces et ses jouissances.

9°. Les modes par lesquels la nature agit sont tellement diversifiés, et ils nous sont si peu connus, qu’il seroit téméraire de fixer les bornes de sa puissance.

Lorsque les recherches et l’application se seront dirigées vers la branche importante de l’économie rurale dont nous traitons ici, il est probable qu’on donnera l’être à de nouvelles races, je dirai presque à de nouvelles espèces plus précieuses, peut-être que celles que nous possédons. Les Anglois qui ont fait le premier pas dans cette carrière, ont obtenu des produits étonnans. Mais que de découvertes à faire avant qu’on ait atteint le terme de la carrière !

Si l’on vouloit employer tous les moyens que la physique et l’anatomie nous présentent, on parviendroit promptement à des résultats dont l’agriculture retireroit de grands avantages. La médecine calme la fureur des insensés et les rappelle à la raison ; pourquoi n’adouciroit-elle pas la férocité des animaux ? Les expériences de Spalanzani sur la génération n’indiquent-elles pas des moyens que la nature livrée à elle-même nous refuse ?

Mais ce n’est pas ici le lieu de traiter plus au long cette matière ; il suffit de l’avoir indiquée. Rentrons plus particulièrement dans notre sujet.

L’utilité reconnue des animaux que nous allons désigner nous porte à croire que plusieurs personnes stimulées par leur propre