Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/536

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intérêt autant que par celui de leur patrie, feront leurs efforts pour se les procurer. Il sera facile aux commerçans, aux capitaines de vaisseaux, aux particuliers qui ont des possessions aux isles, et aux voyageurs de conduire eux-mêmes ou de faire conduire en France les animaux dont l’acquisition leur paroîtra la plus avantageuse.

Afin que les dépenses d’achat, de transport, etc. ne soient pas perdues, et que les espérances bien fondées des particuliers puissent se réaliser plus facilement, nous croyons à propos de donner une instruction qui pourra être utile à ceux qui seront chargés du choix de ces animaux.


Instruction pour les personnes chargées du choix des animaux.

1°. On doit choisir les animaux à l’âge où ils cessent de teter leurs mères ; alors ils s’apprivoiseront, et s’acclimateront plus facilement. Il est cependant de certains animaux, tels que le cheval, le bœuf, etc. qui doivent être choisis à l’âge où ils ont presqu’atteint leur entier développement. Cette précaution doit être prise pour s’assurer que l’animal n’a aucun défaut.

2°. On enverra plusieurs mâles et plusieurs femelles de la même espèce, sur-tout si la valeur de ces espèces est bien reconnue, afin d’obvier ainsi aux accidens qui peuvent survenir dans la route. Il seroit même plus sûr de les envoyer sur différens bâtimens, et à différentes époques. On doit, pour les faire voyager, choisir, autant que les circonstances le permettent, la saison la plus analogue à la température du pays où est né l’animal.

3°. On préférera les animaux les mieux proportionnés, les plus grands, les plus dociles, les races les moins délicates, celles dont les individus s’accommodent des nourritures les plus communes ; qui font annuellement un plus grand nombre de petits, et dont la croissance est la plus prompte. Il faut, en général, que les mâles soient de la même couleur que les femelles.

4°. On choisira parmi les animaux de monture ceux qui sont les plus légers, qui ont l’allure la plus douce, le port le plus gracieux. Les animaux de trait ou de labour doivent être gros et robustes. Si l’espèce qu’on veut exporter est uniquement choisie pour servir de nourriture à l’homme, il faudra donner la préférence aux races qui sont les plus grosses, et qui engraissent le mieux et le plus promptement.

5°. Si toutes les qualités désirables ne se trouvent pas réunies dans le même animal, on se décidera d’après l’importance ou le nombre de ses qualités.

6°. Afin de se procurer les animaux les plus beaux et les plus recommandables par leurs qualités, il sera bon de choisir dans les cantons où les races seront les plus estimées, et parmi les troupeaux qui ont le plus de réputation ; ensuite on examinera chaqque bête l’une après l’autre ; on séparera celles qui paroîtront le mieux convenir, dans un nombre dou-