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3°. On rejettera, s’il est possible, les animaux qui ont du jarre, c’est-à-dire, des poils plus gros, plus rudes, et d’une teinte différente de celle des brins de laine parmi lesquels ils croissent souvent ; ceux dont la laine ne seroit pas d’une couleur uniforme, ou qui auroient des taches sur le corps ou dans la bouche.

4°. La couleur blanche est préférable, et toujours à raison de son éclat. Si l’on trouve des animaux qui donnent une fourrure d’une autre couleur, mais remarquable par sa beauté, on ne négligera pas de les envoyer. On ne choisira jamais ceux qui sont tachetés de diverses couleurs.[1]


Liste des animaux qui peuvent être acclimatés en France.

I. Le mouton à longue queue, Ovis longicauda, Ovis dolichura, de Pallas, ou mouton tscherkessien, des Russes. Cette variété, dont la queue est longue et traîne par terre, ne trouve dans l’Ukraine et la Podolie. Elle est de haute taille et produit une bonne laine, exempte de jarre. Les peaux des agneaux de cette race donnent les belles fourrures qui se vendent à très-grand prix en Russie, Les blanches sont les plus estimées ; viennent ensuite celles qui sont d’un beau noir.

H. Le mouton à large queue, Ovis laticauda, qu’élèvent les Tartares Kirguises, dans les vastes plaines de la Tartarie méridionale. Cette race de moutons, inconnue dans le midi de l’Europe, est cependant la plus nombreuse de toutes. Elle forme des troupeaux dans la Tartarie méridionale, dans la Perse, la Syrie, la Judée, la Barbarie, et se trouve jusqu’au Cap de Bonne-Espérance : elle varie dans la finesse et la rudesse de sa laine. Plusieurs voyageurs s’accordent à dire que la queue de ces moutons, qui est un manger délicat, pèse de trente à quarante livres. Pallas, qui affirme le même fait, dit en outre que la queue des moutons des Kirguises donne vingt à trente livres de suif, et que l’animal pèse communément cent trente deux à cent soixante trois livres.

III. Le mouton à larges fesses, qu’on élève dans plusieurs cantons de la Russie, de la Perse, et même de la Chine, est

  1. M. Anderson, dans un Ouvrage sur les bêtes à laines, dit qu’on a rapporté des Grandes Indes à Londres, la peau d’une espèce de mouton, dont la toison est remarquable par la finesse, par l’éclat et la couleur jaune qui la caractérise principalement. J’ai vu dans le cabinet de Hesse-Cassel, une peau qui me paroît provenir d’un animal semblable. Cette peau qui est entière, égale en grandeur celle d’un mouton de tailla ordinaire. Elle est garnie d’une laine épaisse, fine, soyeuse, formant des ondulations et des flocons ressemblans à ceux d’une toison de chèvre d’Angora ; les brins ont environ 4 pouces de long, et sont d’une couleur de pailla très-brillante.

    Tout ce que j’ai pu apprendre sur une toison aussi remarquable, c’est qu’elle avoit été rapportée d’Amérique, par un officier, il y a environ 20 ans.