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sans queue, et porte, à la partie postérieure de son corps, deux masses de graisse, qu’on dit peser jusqu’à quarante livres.

IV. Les mémoires des missionnaires Chinois parlent d’une race de mouton qui habite les déserts occidentaux de la Chine. Ces animaux, qui ont une bosse sur le dos, pèsent quatre-vingt à cent livres, sont gros comme de petits ânes, et servent de nourriture aux Tartares. On promène les enfans dans les rues de Pékin sur des voitures traînées par ces moutons.

V. Le mouton de Bucharie, variété qui paroît provenir du mélange des races à longue queue, avec les races à large queue. Elle est très-commune chez les Tartares de Bucharie et dans la Perse. Elle produit des laines plus fines que celle du mouton à longue queue. Les fourrures des agneaux ont aussi plus de valeur ; elles sont satinées, et forment des ondulations très agréables à la vue.

VI. La race des montons du Kerman et du Kyschmir ou Cachemire donnent les plus belles laines connues. Elles servent à la fabrication des beaux schawls qui nous viennent de la Perse, « Ces schawls (dit Pallas, Voyage dans les Gouvernemens méridionaux de la Russie, tom. I. pag. 171.) sont faits de la laine des moutons de Kerman et Kyschmire dont la qualité soyeuse surpasse de beaucoup l’éclat et la beauté de la soie la plus blanche. L’introduction d’une race aussi précieuse seroit d’un grand avantage pour nos manufactures.

VII. La race des moutons d’Espagne à laine fine devient tous les jours plus commune en France. L’avantage éminent que ces animaux ont sur nos mauvaises races a déterminé plusieurs particuliers à se livrer à leur éducation[1]. Nous conseillons vivement à tous ceux qui connoissent leurs vrais intérêts de se procurer cette race précieuse. Les succès qu’elle a eus en Suède, dans diverses parties de l’Allemagne, et sur-tout en Saxe, dont nous avons été témoins oculaires, nous ont convaincus qu’elle peut réussir dans tous les lieux de à France où on élève des moutons.

VIII. La Vigogne. Camelus tophis nullis, corpore lanato. L. Elle est d’une taille inférieure au Lama auquel elle ressemble beaucoup. Elle n’a jamais été amenée a l’état de domesticité. Elle habite les hautes montagnes de l’Amérique méridionale : on la trouve principalement sur les côtes occidentales de cette partie du nouveau continent. La laine précieuse de cet animal alimente, dans plusieurs de leurs provinces, des manufactures de draps et de bonneterie.

  1. Il nous suffit de citer les troupeaux de Rambouillet, ceux des citoyens Daubenton, Chanorier, Lamerville, etc. dont le succès est complet et soutenu.