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nuisent moins par le contact ou par l’ombre. L’éloge de celle symétrie est par-tout : je m’abstiens donc de la décrire ou de la louer.

Il importe beaucoup de varier les espèces de fruits, soit qu’on destine son verger pour faire du cidre ou pour avoir des fruits bons à manger ; les arbres à haute tige donnent rarement du fruit pendant deux années de suite, abstraction même des intempéries ; ces faits très-ordinaires et par-tout observés ne sont pas à la vérité bien connus dans leur cause ; mais en attendant que quelque agronome physicien nous éclaire, il faut s’en tenir aux effets et agir en conséquence.

S’il importe de différencier les fruits, il importe davantage de ne pas confondre toutes les espèces d’arbres, c’est-à-dire les pommiers avec les cerisiers ; les poiriers avec les pruniers ; les pêchers avec les châtaigniers. La règle rigoureuse seroit peut-être de ne mettre que d’une seule et même espèce. Cependant les poiriers, de distance en distance, s’accommodent bien avec les pommiers.

La distance entre les arbres doit être étendue, sur-tout si le terrain est fertile ; cependant elle doit varier en raison même des arbres. Le noyer veut plus d’espace que le pommier, le poirier moins que le pommier, le prunier moins que le poirier, le pêcher moins que le prunier. Presque tous ceux qui plantent des arbres avec quelque dessein d’ornement, pour jouir plutôt de leur ombre ou de leur massif, approchent trop les plans les uns des autres. Arrivés à un certain âge, ils se nuisent ; on ne peut se décider à en sacrifier, et on a des arbres qui se déforment ou qui languissent.

On ne peut trop recommander de clore les jardins destinés aux vergers, soit pour garantir les jeunes arbres contre le frottement et les dents des bestiaux, soit pour les préserver des coups de vent dans leur jeunesse. Un clos d’ailleurs inspire plus d’intérêt, et donne plus d’agrément. Un mur pourroit trop coûter ; il suffira de faire un large fossé, garni de deux rangs d’épines, et que le premier rang d’arbres soit sur la jettée même du fossé.

Il y a long-temps qu’on a reconnu la grande utilité de faire à l’avance les trous d’arbres, larges et profonds, si le sol est mauvais, sauf à le remplir de bonne terre, à la hauteur convenable. C’est une précaution essentielle, de laquelle dépend le succès et sur-tout la durée de l’arbre. Prendra-t-on des sujets dans les pépinières, ou des sauvageons ? C’est une chose controversée selon les intérêts ou les préjugés. Le désir de la jouissance fait souvent préférer les premières. Mais, sans élever ici une discussion sur ce sujet, je me bornerai à observer qu’on n’est jamais bien sûr des arbres qu’on prend en pépinière, dont l’existence en général, n’est que le résultat de spéculations. Cette considération, je me hâte de le dire, a des exceptions ; mais souvent les pépiniéristes les plus probes, sont dupes de leurs ouvriers, pour le choix des espèces et des qualités. Les arbres des pépi-