Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et dans le couvercle, et on enduit l’une et l’autre de pourget.

» Comme les couvercles sont d’un plus fréquent usage que le corps des ruches, il faut avoir le double des couvercles, c’est-à-dire que, si on a vingt ruches, il faut avoir quarante couvercles. Pour compléter les ruches enduites de pourget, lorsqu’elles seront en place, il faut les affubler avec le surtout K.

» On prend successivement cinq à six poignées de paille de seigle, dont on remonte les épis au dessus de la main. On bat chaque poignée au dessous des épis, dans la longueur, de six à huit pouces ; on lie fortement les poignées ensemble au dessous des épis, avec un fil de fer d’une ligne de grosseur, que l’on tord, d’un côté, en en joignant les deux bouts, que l’on tord encore de l’autre avec le manche de la tenaille, comme on fait d’une corde que l’on tord avec un bâton. Au milieu de cette paille liée, on insinue une espèce d’étui à tête, (pl. II, fig. 11) creusé de cinq à six pouces, suivant que l’exigent les pointes des couvercles. On met un second fil de fer, de manière que la tête de l’étui se trouvant engagée entre les deux liens, la paille puisse glisser. On retranche la moitié de la longueur des épis ; on coupe l’autre extrémité de la paille à environ deux pieds et demi, à partir du second lien ; on ouvre le surtout, et on le fixe sur la pointe des couvercles, au moyen de l’étui dans lequel cette pointe entre de la longueur de cinq pouces. On tient la paille assujettie dans le pourtour du surtout avec deux cerceaux attachés l’un sur l’autre ; puis on coiffe le surtout avec. un pot de jardin, dont on bouche les trous, (voy. pl. II, fig. 10) ou avec un pot en forme de bonnet et sans trous. Ces surtouts résistent aux plus grands vents, sont impénétrables par la pluie, et durent quatre fois plus que les premiers, dont la paille se mêle et se brise chaque fois qu’on est obligé de les ôter et de les remettre sur les couvercles. »

Comment transvaser les ruches villageoises. Le procédé généralement suivi pour le transvasement consiste à aboucher une ruche vide sur une pleine, et, par le bruit et la fumée, à faire passer les abeilles de la ruche pleine dans la vide ; mais il est toujours pénible et souvent infructueux.

Les ruches villageoises offrent un moyen plus simple.

Lorsqu’on veut transvaser une ruche pleine dans une ruche vide, on enlève le couvercle de la première, on bouche les ouvertures du plancher avec une planche de même diamètre qui doit y être lutée de manière que les abeilles ne puissent passer ; on met sur la ruche un couvercle vide, afin de replacer le surtout comme de coutume ; on enlève ensuite la ruche pleine de dessus son support, on met à sa place une ruche vide sans couvercle, sur laquelle on pose et lute la ruche pleine dont on bouche l’entrée.

Les abeilles n’ayant plus d’issue que par la ruche nouvelle, s’y habituent aussitôt. Resserrées par le plancher de l’ancienne, dont les ouvertures sont fermées ; pressées par l’accroissement de population résultant de la naissance du couvain, et poussées au travail par leur instinct naturel, elles ne demandent qu’à quitter leur première habitation, devenue pour elles trop incommode et trop étroite, et elles s’établissent dans la nouvelle ruche dès que leur reine s’y est installée.

On laisse les deux ruches dans cet état pendant trois mois environ, afin que les édifices se construisent dans la nouvelle, et que le couvain de l’ancienne ait le temps de se développer et de prendre son essor.

De la taille des ruches villageoises. On commence par sonder les couvercles en frappant avec le doigt plié ; on laisse