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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/110

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ceux qui rendent un son creux ; on marque ceux que l’on juge pleins.

On détache la ficelle qui unit les couvercles aux ruches, on ôte l’enduit avec la pointe d’un couteau, et comme, de leur côté, les abeilles ont luté avec la propolis la fente qui se trouve en dedans entre le couvercle et la ruche, on se tient derrière la ruche, on tire à soi le manche du couvercle avec la force seulement nécessaire pour le décoller. S’il arrive que les gâteaux du couvercle tiennent au plancher de la ruche par quelques soudures en cire, ce que l’on reconnoît à la résistance que fait le couvercle, alors il faut passer un fil de laiton entre la ruche et le couvercle pour couper les soudures qui sont peu nombreuses, et qu’une simple secousse suffit souvent pour rompre. Cette opération faite, on laisse les couvercles, pour donner aux abeilles le temps de se calmer.

Sur les dix à onze heures du matin, par un beau temps, et lorsqu’un grand nombre d’abeilles sont sorties, on frappe légèrement avec une baguette deux ou trois petits coups sur le corps de la ruche, pour y attirer la reine, qui ne manque pas de se rendre aussitôt à l’endroit où elle entend du bruit. Un instant après on enlève d’une main le couvercle plein, sans s’inquiéter des abeilles qui y seroient encore, et de l’autre main on le remplace par un couvercle vide. On emporte le couvercle plein dans un endroit peu éclairé, et dans lequel on a ménagé un passage qui facilite la sortie des abeilles. En moins d’une heure on est débarrassé des abeilles qui quittent le couvercle pour aller rejoindre leur reine. S’il en est qui l’abandonnent avec peine, et qui sortent d’entre les rayons pour se réunir sur lui, alors, avec une plume, on les fait tomber dans un vase, et on les porte auprès de leur ruche, où elles entrent aussitôt.

Quand les couvercles sont ainsi devenus libres, on les retire pour les mettre dans un lieu qu’on a soin de fermer, afin que les abeilles ne puissent s’y introduire.

Les nouveaux couvercles qui remplacent ceux-ci doivent ensuite être lutes avec le pourget, et les abeilles ne tardent pas à s’y porter pour travailler.

On voit ainsi que les ruches villageoises ont sur-tout cet avantage précieux, qu’avec elles on est sûr de recueillir le meilleur miel, et de ne pas endommager le couvain qui, toujours placé au centre, se trouve conséquemment dans le corps de la ruche.

Cire Et Miel. Cire : son origine. On avoit, jusqu’à présent, regardé la poussière que les abeilles recueillent sur le sommet des étamines des fleurs, comme la matière première de la cire, ou même comme une sorte de cire brute, à laquelle manquoit seulement cette viscosité qui constitue la véritable cire, et l’on avoit cru qu’elle acquéroit cette viscosité par l’élaboration qu’elle subit dans l’estomac des abeilles ; M. Huber a fait depuis peu de nouvelles observations qui présentent les résultats suivans :

1°. La cire vient du miel ;

2°. C’est la partie sucrée du miel qui met les abeilles en état de produire de la cire ;

3°. La poussière des étamines ne contient donc pas les principes de la cire ;

4°. Cette poussière ne sert pas à la nourriture des abeilles adultes, et ce n’est pas non plus pour leur usage qu’elles en font la récolte ;

5°. Cette poussière leur fournit le seul aliment qui convienne à leurs larves ; mais il faut qu’elle ait été préalablement élaborée, à cet effet, dans leur estomac ;

6°. Le miel est, pour les abeilles, un aliment de première nécessité ;

7°. Les fleurs n’ont pas toujours du miel, comme on l’avoit pensé : cette sécrétion est soumise aux variations de