Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/129

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plus lourd, l’épine du dos se courbe en en bas, ses mamelles se gonflent, on peut en extraire un peu de lait séreux et transparent. Les hanches s’abaissent, la croupe est ce qu’on appelle rompue, la vulve se gonfle, il sort du vagin, par intervalles, une humeur glaireuse. Ces signes ne sont encore qu’une indication éloignée de l’accouchement.

Vingt-quatre heures avant, on voit au bout de chaque trayon une goutte d’un lait épais et gluant qui paroît à l’œil un corps cylindrique et long. Bientôt la mère remue fréquemment la queue ; elle cherche à se placer commodément, et se couche ordinairement du côté droit ; ce travail préparatoire a servi à dilater et relâcher le col de la matrice. Mais, dans le moment du travail efficient, le fœtus unit ses efforts à ceux de la mère, sa tête et ses membres en achèvent la dilatation ; alors la mère pousse à plusieurs reprises, c’est-à-dire qu’elle fait une forte inspiration, retient son haleine, contracte les muscles de son ventre de devant en arrière, ces mouvemens répétés déterminent de plus en plus le petit sujet vers la vulve, et en opèrent enfin sa sortie.

Immédiatement après le vêlage, on présente à la vache un seau d’eau dans lequel on aura délayé un demi-boisseau de son, ou un quart de boisseau de farine d’orge. Si la soif est grande, un quart d’heure après on lui donne un seau d’eau seulement blanchie avec le son ou la farine d’orge, on répétera ce breuvage jusqu’à quatre fois, au même intervalle, pour ne pas surcharger ses estomacs d’une trop grande quantité de boisson.

Mais il est un soin plus urgent, quand le fœtus est sorti de la matrice, le cordon auquel est attaché le délivre se trouve hors de la vulve, et pend sur la pointe des jarrets de la mère. Pour en empêcher la retraite, on a coutume d’attacher à cette partie pendante un morceau de bois ou de pierre pesant une à deux livres, cette précaution peut être utile, quand la vache est debout, parce qu’alors l’utérus, descendant dans le bas-ventre, attire à lui la portion du cordon qui pend dehors.

Pendant le temps où l’animal est couché, le sol comprimant son ventre, la matrice est portée en arrière, ce qui détermine le prolongement en dehors du cordon ; ainsi, quoique cette partie entre et sorte par les différentes situations que peut prendre la vache, le délivre ne varie point dans sa situation, puisque son adhérence est dans toute l’étendue de l’utérus : cependant, nous devons conseiller de suspendre au cordon ombilical un léger fardeau ; nous y voyons un moyen de soutenir le fond du viscère, d’entretenir un léger point d’irritation, à la faveur duquel ses parois tendent à se rapprocher, à opérer une légère tension dans les cotylédons, qui facilite et accélère leur enchatonnement ; mais ce moyen n’est pas bon dans tous les cas.

Dans les vaches chez lesquelles le part s’opère à terme et sans accidens, le délivre sort par le moyen de quelques efforts de la mère, au bout de deux à quinze heures : ces efforts ne sont pas constamment les mêmes ; ils ressemblent néanmoins à ceux qu’a la vache pour jeter son veau ; de foibles d’abord, ils augmentent par gradation ; ils sont d’autant plus forts, que le délivre est plus prêt à sortir ; enfin, il en survient un plus violent et plus prolongé qu’aucun de ceux qui ont précédé, et qui opère la délivrance.

Pour s’assurer si la marche de la nature dans cette seconde opération est complète, on doit examiner avec attention si l’arrière-faix est entier ; parce qu’il n’arrive que trop souvent qu’il en reste dans l’utérus, ce qui donne lieu, par la suite, à des accidens qui sont