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à emporter les alimens ; cette privation, qui ne doit pas cependant être poussée jusqu’à déterminer l’inanition, sera proportionnée à leur obstination.

Les changemens de régime doivent être exécutés dans les animaux par degrés, afin que le service et leur santé n’en souffrent pas.

On ne doit pas soumettre tout à coup à un service trop vif et trop long un cheval qui se reposeroit depuis long-temps ; ces passages du travail au repos ne doivent pas être brusques. (Voy. Régime, Vert, Sec, Travail.) Ch. et Fr.


ACCROISSEMENT, (Économie rurale et vétérinaire,) développement progressif de l’étendue, de la vigueur, et des forces des animaux domestiques, depuis leur naissance jusqu’à ce qu’ils aient atteint la grandeur et les facultés physiques communes à leur espèce, et appropriées à leur constitution individuelle.

Tandis que le fœtus augmente en silence son volume dans le sein de sa mère, les sucs nourriciers, élémens de son accroissement, lui sont transmis par le placenta.

Dès l’instant où, vivant, il éprouve de nouveaux besoins, il puise, il est vrai, les matériaux de son agrandissement dans les alimens ; mais il se meut, et ses mouvemens répétés accroissent ses forces et sa santé. Si les animaux étoient tous condamnés à l’inaction, privés d’énergie, on ne leur conserveroit la vie que pendant le temps nécessaire à leur procurer un poids énorme ; ils seroient immolés à nos besoins, comme les cochons, dès qu’ils se seroient engraissés. Mais combien est supérieure la destinée des autres animaux ! Appelés à partager les travaux de l’homme, à diminuer ses fatigues, à multiplier ses jouissances, à augmenter sa puissance par leur vigueur, leur santé et leurs forces lui sont plus précieuses encore que l’étendue de leur masse. Le chien, fidèle ami de l’homme, gardien de ses troupeaux, entend sa voix et s’élance dans les forêts pour en chasser les bêtes sauvages qu’il veut sacrifier à ses plaisirs ; quelle vitesse dans sa course ! quelle finesse dans son instinct ! quelle sagacité à découvrir la trace de l’animal qui fuit devant lui ! Combien seroient inhabiles à ces travaux des animaux amollis par l’oisiveté, ou qui auroient langui pendant leur jeunesse dans une honteuse inertie ! Si l’homme veut vaincre les bêtes sauvages à la course, il monte le cheval et fond sur elles avec la rapidité de l’éclair ; s’il veut transporter de lourdes masses sur le sommet des montagnes élevées, il attèle les bœufs à son char, et ils gravissent les coteaux, en traînant les fardeaux qu’on leur a imposés ; s’il veut ouvrir les sillons auxquels il doit confier la semence, le bœuf vient encore se placer sous le joug, il suffit à l’homme de diriger le soc qui laboure ses guérets ; s’il a besoin de se défendre de la rigueur des saisons, la foible brebis se dépouille de sa toison pour le vêtir, tandis que la chèvre et la vache laissent presser leurs mamelles pour en extraire du lait. La force et la santé des animaux domestiques étant encore plus utiles à l’homme que leur volume, tous ses soins doivent se diriger vers leur développement dans leur enfance. Il ne suffit donc pas de leur prodiguer des alimens succulens, il est indispensable encore de leur laisser prendre de l’exercice, bondir dans les prairies, et courir à leur gré. Cet exercice, toujours proportionné à leurs forces, aiguise leur appétit, favorise singulièrement l’élaboration des sucs nourriciers, provoque le sommeil, les invite au repos, et les engage à puiser une nouvelle source de vigueur dans les alimens qu’on leur présente souvent et en petite quantité. Cette alternative de pertes et de répara-