Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou un brouillard, une lanterne à la main, dans les allées d’un jardin ou sur un pré.

Lorsqu’on a fait provision de vers de terre, on peut les conserver vivans assez long-temps, même pendant un mois, en les niellant dans un pot de terre garni de mousse qu’il faut renouveler, ou du moins bien laver, et ensuite presser fortement pour en exprimer l’eau, tous les trois ou quatre jours en été, et toutes les semaines en hiver. Au lieu de mousse, on se sert avec avantage, pour garder les vers, d’un morceau de grosse toile à sac, lavée, puis trempée dans du bouillon de bœuf, enfin légèrement pressée et tordue ; on enveloppe les vers de cette toile ; on la met dans un pot de terre, et, chaque jour, on la trempe de nouveau dans le bouillon de bœuf.

Il est bon de laisser les vers se vider, avant de les employer à la pêche ; ceux qui sont gardés valent mieux que ceux qui viennent d’être pris. Si cependant l’on est pressé de s’en servir, on les laisse dans l’eau pendant une nuit, et on les porte au lieu de la pêche dans un petit sac où l’on a mis du fenouil. Des auteurs anglais recommandent d’ajouter un peu de camphre dans le sac qui sert à porter les vers ; cette substance leur communique, dit-on, une odeur que les poissons aiment beaucoup. (S.)


ACIDES. Les trois grandes divisions adoptées par les naturalistes ont offert pendant long-temps un moyen facile de disposer tous les corps de la nature ; mais les chimistes modernes, après avoir perfectionné leur science et leur langage, s’apercevant bientôt que cette méthode ne pouvoit plus convenir aux idées exactes qu’ils avoient acquises, ils s’empressèrent d’adopter une classification plus générale et plus vraie. Car, à quelle classe pouvoit appartenir l’acide phosphorique qui, regardé comme l’acide animal par excellence, venoit d’être trouvé parmi les substances minérales, et dans un grand nombre de végétaux ?

Tromsdorff, dans l’ouvrage qu’il a publié sur les acides, les divise d’une manière très-simple en deux ordres :

Le premier comprend les acides dont la composition est connue.

Le deuxième indique ceux dont la composition est inconnue.

Dans le premier ordre, il reconnoît deux classes : dans l’une, il place ceux qui admettent l’oxigène dans leur composition, et dans l’autre, ceux dans lesquels l’oxigène ne contribue pas à l’acidité.

On appelle, en général, acides tous les corps combustibles qui, par un changement d’état, acquièrent une saveur aigre, la propriété de rougir des couleurs bleues, et de former avec des bases une foule de combinaisons. L’observation et l’analyse ayant démontré que plusieurs substances devenoient acides en absorbant de l’oxigène, on en avoit conclu d’une manière trop générale qu’il devoit être le générateur de tous les acides ; mais la nature encore inconnue des acides muriatique, fluorisée, et botanique ; la décomposition de l’eau, la découverte de l’hidrogène sulfure acide hidrothionique, en faisant voir un corps extrêmement oxigéné n’être point acide, et un acide qui ne devoit pas sa formation à l’oxigène, prouvèrent qu’on avoit donné à l’analogie une trop forte extension.

Presque tous les acides ont pris le nom de leurs radicaux, et l’on ajoute la terminaison en ique et en eux pour ceux qui sont plus ou moins oxigénés. Ainsi, le soufre, sulfur, qui est le radical, donne, pour le premier degré d’acidification, l’acide sulfureux, et l’acide sulfurique pour le dernier terme de la combinaison de l’oxigène avec le soufre. La saveur des acides varie suivant la