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quantité d’oxigène qui s’y trouve accumulé, et l’union plus ou moins intime qu’il contracte avec leurs radicaux ; les uns sont faibles et agréables, tandis que les autres sont âcres, caustiques et de violens poisons. Les acides peuvent exister dans trois états différens, solides, concrets et cristallins, comme les acides benthique et tartareux ; liquides, comme les acides sulfurique et nitrique ; et gazeux, comme les acides sulfureux et fluorique ; et sans le calorique qui, d’après leur nature intime, agit sur eux d’une manière différente, ils nous offriroient tous les mêmes modifications.

Parmi les acides, les uns doivent leur formation à la réunion de deux substances, tandis que les autres sont le résultat de combinaisons ternaires et quaternaires. La lumière en décompose quelques uns, et quoique le calorique agisse de la même manière sur un grand nombre d’autres, il en est qui résistent tellement à son énergie, qu’il ne peut que les réduire en vapeurs. Ils tendent tous à se combiner avec l’eau, et cette tendance est si forte dans quelques acides, comme l’acide sulfurique, que dans cette union il se développe une quantité de calorique supérieur à la température de l’eau bouillante.

Les acides sont employés dans un grand nombre d’arts, soit directement, soit pour concourir à former une foule de produits très-importans. Si dans leur état de concentration, ils deviennent des poisons très-dangereux, ils fournissent à la médecine des médicaments très-énergiques, comme rafraîchissans, sténiques, desodorans et antiputrides.

Acide acéteux. La fabrication des vinaigres simples et composés avant été traitée avec le plus grand soin dans cet ouvrage, par M. Parmentier, je ferai connoître seulement d’une manière très-succincte, ce que l’on sait sur la nature des acides acéteux et acétique, et j’indiquerai les combinaisons les plus importantes qu’ils peuvent offrir à la médecine et à la société.

La distillation du vinaigre fournit l’acide acéteux qui se trouve alors privé du principe colorant et d’une portion d’eau ; il est d’une transparence parfaite, il a une saveur aigre, piquante, et une odeur agréable ; il s’évapore entièrement, et il peut, dans des vases bien fermés, être conservé des années sans altération. On a cru pendant long-temps que cet acide étoit seulement produit par une seconde fermentation du vin ; mais on a prouvé depuis qu’on pouvoit le retirer d’une grande quantité de substances végétales et animales. Fourcroy et Vauquelin, dans leur beau travail sur les acides pyrogènes, ont fait voir que l’acide aceteux n’est pas seulement produit par la fermentation des liqueurs spiritueuses, telles que le vin, le cidre, le poiré, mais qu’on le retrouve encore dans la distillation de tous les corps sucrés, extraits, légumes aigris, même dans les substances animales, comme le bouillon, les fourmis, l’urine, et qu’on peut le former par l’action des acides concentrés sur toutes les substances végétales. Malgré les Mémoires importans publiés sur les acides acéteux et acétique, il est difficile de prononcer encore sur la nature intime de ces deux substances. L’on avoit cru, d’après les expériences de M. Berthollet, que c’étoit seulement aux proportions d’oxigèné que l’on devoit attribuer ces différences ; mais M. Adet a démontre que les acides acéteux et acétique ne sont qu’un seul et même acide constamment porté au maximum d’oxigénation, et que, se trouvant étendu d’eau, il constitue l’acide acéteux. M. Chaptal, en adoptant une partie des conclusions de M. Adet, prouve par des expériences