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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/146

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extrêmement ingénieuses, que l’on ne retire des acétites que le quinzième de leur poids de carbone, tandis que les acétates en donnent le dix-septième ; ce qui, suivant cet habile chimiste, constitue les différences qui existent entre l’acide acéteux et l’acide acétique. M. Darracq, qui paroît avoir répété avec soin les expériences de MM. Adet et Chaptal, pense que l’acide acéteux n’est que de l’acide acétique, plus une certaine quantité d’eau et de matière mucilagineuse : il propose en conséquence de ne reconnoître qu’un seul acide, l’acide acétique, dont les combinaisons formeront des acétates. L’acide acéteux, en s’unissant aux alcalis, donne naissance aux acétites de potasse, de soude et d’ammoniaque qui sont fort employés en médecine. Si l’on expose des lames de plomb à la vapeur du vinaigre, il se forme à leur surface un oxide de plomb que l’on appelle céruse, et blanc de plomb quand il est mêlé avec un tiers de craie. L’acétate de plomb est une dissolution de l’oxide de plomb par le vinaigre ; ses usages sont très-multipliés sur-tout dans les fabriques de toiles peintes. Ce sel a une saveur sucrée qui lui a fait donner le nom de sucre de Saturne ; dissous dans l’eau, il est connu en pharmacie sous le nom d’eau végéto-minérale de Goulard. Toutes ces préparations sont des poisons d’autant plus dangereux que leur saveur ne peut nous prémunir contre leurs propriétés délétères. Thénard, en faisant des recherches sur l’acétate de plomb, s’est assuré qu’il existe deux combinaisons de ce genre, la première, qui est bien connue, cristallise en aiguilles, tandis que la deuxième, qui est le résultat de ses recherches, cristallise en lames et contient une bien plus grande quantité de plomb que la première ; elle pourra fournir aux arts et à la médecine un produit fort intéressant. Le fer dissous par l’acide acéteux forme une substance très-recherchée en teinture et dans les fabriques d’indiennes. Le cuivre s’oxide avec beaucoup de facilité par cet acide ; il porte dans les arts le nom de vert-de-gris ; c’est sur-tout à Montpellier, et dans les environs, qu’on le prépare. Dissous dans le vinaigre, il donne des cristaux d’un très-beau bleu appelés verdet ou cristaux de Vénus. M. Chaptal, à qui l’on doit le perfectionnement de tous ces procédés, en indique un beaucoup plus économique que celui adopté : il consiste à mêler des dissolutions de sulfate de cuivre et d’acétate de plomb, et l’on obtient en même temps du sulfate de plomb et de l’acétate de cuivre. Quant aux détails des propriétés économiques du vinaigre, nous renvoyons aux articles de M. Parmentier, qu’on lira avec grand plaisir. Le vinaigre est employé en médecine comme rafraîchissant et antiseptique ; il entre dans la composition des sirops, des oximels simples et composés, et dans une grande quantité d’autres préparations.

Acide Acétique. L’odeur de l’acide acétique est vive et pénétrante, sa saveur est âcre ; il est tellement caustique qu’il ronge et détruit assez promptement la peau ; il est très-volatil et s’enflamme à une température peu élevée. Voici la manière de le préparer d’après le citoyen Badolier, pharmacien de Chartres : distillez au bain de sable, dans une cornue de verre, parties égales de sulfate de cuivre et d’acétate de plomb, vous obtiendrez alors un acide très-concentré et sans odeur empyreumatique : l’économie de temps et de combustible sera assez considérable pour diminuer des trois quarts les frais de fabrication. Avec l’alcool, il forme l’éther acétique : pour préparer cet éther, on prend parties égales d’alcool et d’acide acétique, on introduit ce mélange dans une cornue de verre, on y adapte un ballon que