Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/163

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ment, sans craindre d’altérer leur constitution, les employer à tout le travail dont leurs forces les rendent susceptibles. Auparavant, ils doivent être seulement soumis à un exercice modéré qui favorise le développement de leur vigueur, et non excédés par des travaux fatigans qui, en forçant leurs articulations et en surpassant leurs moyens, les empêcheroient de se développer et de croître suivant le vœu de la nature. Un régime différent énerveroit ces jeunes animaux dès leur printemps.

Le cheval perd ses dents de lait dans sa cinquième année, il cesse de croître alors ; cependant l’expérience démontre, dans les parties méridionales de la France, qu’un cheval fin n’est en état de rendre un service constant et soutenu, que de six à sept ans. Son accroissement a lieu plus tôt, mais ses organes ne sont vraiment consolidés qu’à cet âge. Cela prouve avec quelle modération on doit user des jeunes chevaux, en les faisant travailler dès deux ans, si on veut en retirer des services réellement utiles pendant le reste de leur vie.

On fait ordinairement saillir les jumens vers la fin de leur troisième année ; alors leurs productions sont chétives, les jeunes mères sont épuisées par l’allaitement, leur développement est contrarié par la gestation ; si l’on attendoit vers la fin de la cinquième, les jumens et leurs poulains auroient plus de vigueur. On apporte pour motif de ces saillies prématurées, qu’elles donnent du corps à la mère ; il est vrai, mais elles affoiblissent son organisation, son ventre acquiert du volume au dépend de sa vigueur. Il n’est pas nécessaire d’ailleurs qu’une jument poulinière possède un ample ventre, quand elle n’est pas pleine ; et le ventre s’étend suffisamment, et en proportion du terme de la gestation, dans les bêtes saines et bien conformées.

Les bœufs et les vaches perdent leurs dernières dents de lait, comme les chevaux, à cinq ans ; mais on les fait travailler long-temps auparavant. L’intérêt bien entendu du propriétaire est le mobile de cette conduite. Un cheval n’est utile que par son travail, donc il est intéressant qu’il le puisse supporter longtemps. Un bœuf, au contraire, après avoir traîné la charrue, offre par sa viande succulente une source encore plus considérable de profit ; on le laisse donc seulement vivre huit à neuf ans, pour qu’il donne le plus de bénéfice, en dépensant le moins possible. La durée de la vie du bœuf au delà de ce terme retarderoit les jouissances de son propriétaire, et finiroit par lui être préjudiciable, en s’opposant à son engraissement.

Les mêmes motifs guident les cultivateurs qui gardent des béliers et des taureaux pour servir à propager l’espèce ; ils sont en état de couvrir et de donner de bonnes productions à deux ans, et de continuer long-temps ce service, quoiqu’ils ne perdent leurs dents de lait que beaucoup plus tard ; mais s’ils deviennent trop méchans, on les châtre à quatre ou cinq ans, pour les envoyer à la boucherie.

La vache et la brebis ne doivent pas être saillies avant la fin de leur troisième année, elles donneroient le jour à des productions foibles, et les mères seroient énervées. (C. et F.)


AÉROLITHES, (Physique.) On a donné ce nom à des pierres d’une nature particulière qui tombent quelquefois du haut des airs, sans que l’on sache jusqu’à présent d’où elles viennent, et où elles se sont formées ; elles tombent avec les météores nommés globes de feu.

On a douté pendant long-temps de la chute de ces masses. On regardoit comme un préjugé l’opinion populaire qui en attestoit la réalité. Mais le fait a été cons-