Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus, tandis que, dans les jeunes sujets, elles sont très-courbées, et leur table n’a pas ou presque pas d’obliquité. En général, l’usure des dents est en raison directe de la dureté des alimens.

Il est des personnes qui arrachent les dents incisives aux poulains, afin de les faire paroître plus vieux, ou qui y pratiquent des cavités avec un burin, pour les faire paroître plus jeunes ; mais, si l’on fait sur-tout attention à ce que nous avons dit, à la fraîcheur du bord interne des dents nouvellement poussées, et à la direction des dents en général, on reconnoîtra facilement la supercherie. La même observation fera juger de l’âge des chevaux bégus, c’est-à-dire de ceux en qui les dents conservent leurs cavités, soit parce que les dents molaires sont trop élevées des deux côtés, ou d’un côté seulement, soit parce que les mâchoires sont inégales en longueur, etc.

Les autres parties du corps éprouvent aussi des changemens bien sensibles par l’âge. Plus les animaux sont jeunes plus la partie antérieure et inférieure de la bouche est étroite ; la tubérosité de la mâchoire n’existe presque pas dans le poulain. Dans le jeune sujet, le dessous de la langue remplit l’auge, qui devient profonde à proportion que l’animal avance en âge. Elle est très-creuse dans les vieux sujets.

Les éminences osseuses, l’épine maxillaire sur-tout, ne sont bien formées qu’à l’âge de huit ans, et l’on remarque qu’elles sont d’autant plus saillantes, que l’animal est de race plus distinguée. Les extrémités des os qui, réunis, forment des articulations mobiles, sont séparées du corps de l’os par un cartilage qui ne disparoît entièrement que vers la huitième année. On voit par conséquent que, si l’on fait travailler les chevaux avant l’âge où leurs parties sont consolidées, on les ruine et l’on en consume deux ou trois pour un. De là les refoulemens des os à l’endroit des articulations, c’est-à-dire des éparvins, des courbes, des jardons, des formes.

La castration arrête le développement de l’encolure et de la croupe, ôte une partie de l’ardeur et de la vigueur de animal : c’est pourquoi il ne faut pratiquer cette opération qu’à l’époque où ces parties sont assez bien fournies, autrement elles resteroient maigres et décharnées. On observe cependant que la castration ne leur fait point perdre le développement qu’elles avoient acquis auparavant. L’encolure des chevaux entiers, de races les plus communes sur-tout, devient épaisse dans quelques uns ; la partie qui reçoit la crinière est tellement chargée de graisse, qu’elle se renverse, et devient penchante : dans les chevaux fins, les arabes sur-tout, l’encolure conserve sa perfection, quoiqu’ils restent entiers.

Connaissance de l’âge du bœuf, du mouton et de la chèvre. Le bœuf, le mouton, et la chèvre, n’ont pas de dents incisives à la mâchoire supérieure ; ils ont à la mâchoire inférieure huit dents qui différent de celles du cheval en ce qu’elles n’ont pas de cavité, qu’elles sont tranchantes ou forment un biseau beaucoup incliné de dehors en dedans. Ces dents incisives font leur appui à la mâchoire supérieure sur un bourrelet épais et calleux.

Ces huit dents se divisent en pinces, premières mitoyennes, deuxièmes mitoyennes, et coins.

Les pinces de lait tombent et sont remplacées à la fin de la deuxième année ; alors l’agneau prend le nom d’antenois. Les premières mitoyennes tombent et sont remplacées à trois ans ; les deuxièmes à quatre, et les coins à cinq ans. Quand les dents d’adulte sont ainsi toutes poussées, que les coins sont frais, on dit que l’animal est au rond. L’usure du bord tranchant des-dents sert ensuite