Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs effets sur les différentes natures de sols, et les moyens de multiplier Ces engrais ;

7°. Le nombre de bestiaux qu’il convient de se procurer dans une exploitation rurale, suivant son étendue, pour en obtenir la quantité d’engrais nécessaire à ses cultures ; les principes qui doivent guider les cultivateurs dans l’éducation et l’engraissement de ces bestiaux, et les précautions qu’ils doivent prendre pour en améliorer les races ;

8°. Les moyens de pouvoir déterminer, dans chaque localité, un bon régime d’assolement, d’alternement ou de succession de cultures sur les mêmes sols, pour les tenir toujours dans l’état le plus productif ;

9°. Les principes de la culture des prairies naturelles et artificielles ;

10°. Ceux du jardinage et de la culture des arbres fruitiers et des arbres forestiers ;

11°. Enfin les moyens les plus économiques de construire les bâtimens ruraux, suivant les localités, pour loger convenablement les hommes et les animaux employés à la culture des terres, et pour conserver les récoltes.

À la vue de tous les objets qui devroient être traités en détail dans une théorie complète de l’agriculture, quel est l’homme qui se flatteroit de pouvoir réunir en soi assez de connoissances théoriques et pratiques pour oser entreprendre un semblable ouvrage, pour le traiter d’une manière satisfaisante, et sur-tout pour le mettre à la portée de toutes les classes de cultivateurs ? S’il réussissoit dans une entreprise aussi utile, nouveau Triptolème, il mériteroit des autels.

Cette difficulté de la réunion de connoissances suffisantes dans le même individu est la cause du très-petit nombre de bons ouvrages que chacune des deux nations rivales possède sur l’agriculture ; encore ne sont-ils, pour la plupart, que la traduction des ouvrages de Caton, de Varron et de Columelle, et aucun de ces ouvrages n’est complet.

Ceux qui ont une grande pratique de l’agriculture n’ont pas le temps ou les talens nécessaires pour communiquer leurs lumières, et les agronomes de cabinet n’ont pas assez d’expérience pour envisager l’agriculture sous son véritable point de vue.

C’est ce défaut d’expérience qui a fait égarer les agronomes anglais, et, à leur imitation, les agronomes français, dans un labyrinthe d’abstractions agricoles, et de systèmes de culture. Il n’ont vu dans l’agriculture, que l’art de labourer, d’amender et d’ensemencer les terres, sans avoir égard aux circonstances locales. Appuyés sur les principes généraux de la végétation, ils ont osé prescrire des assolemens systématiques, dans lesquels la suppression des jachères est regardée comme le dernier degré de perfection où l’agriculture peut atteindre, sans soupçonner qu’il y a une infinité de localités où l’intérêt du cultivateur lui défend de les adopter ; et, en taxant cet obstacle naturel d’ignorance et de routine aveugle, ils ont discrédité leurs ouvrages, et arrêté les progrès que l’agriculture étoit disposée à faire.

Aussi, si l’agriculture française et l’agriculture anglaise ont fait de grands progrès depuis un demi-siècle, ce n’est point aux ouvrages agronomiques à qui on les doit particulièrement ; mais, en France, aux prix avantageux des grains, pendant plusieurs années consécutives, qui ont procuré aux cultivateurs une aisance encourageante ; et, en Angleterre, aux grands capitaux que quelques riches Anglais ont consacrés à son amélioration.

L’agriculture est un art tellement important pour la France, que son amélioration doit être le premier objet de la sollicitude de son Gouvernement, et le