Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/180

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duction illimitée des mécaniques dans les arts et les manufactures d’une nation très-peuplée, agricole et industrieuse ?

Nous laissons à des plumes plus exercées que la nôtre à résoudre cette question, qui mériteroit d’être traitée par les plus grands hommes d’État.

Nous devrions terminer cette première partie par l’exposé de l’état de nos constructions rurales, comparé avec celui des constructions rurales anglaises ; mais comme nous sommes partie intéressée dans ce sujet, nous ne pouvons nous en instituer le juge. Notre ouvrage sur les Constructions rurales est connu, ainsi que le Recueil des Constructions rurales anglaises, traduit par M. Lasteyrie ; c’est au lecteur impartial à juger si, sur cette partie de la science de l’agriculture, nous sommes plus instruits que les anglais.

Il résulte de notre manière d’envisager l’agriculture théorique, que si nous n’avons pas encore fait de grands progrès dans cette science, si même on peut regarder comme extravagans quelques uns de nos livres d’agriculture, les Anglais ont commis les mêmes erreurs et ne sont pas plus avancés que nous.

Nous avons notre Olivier de Serres, dont le Théâtre d’Agriculture, imprimé en 1600, est un véritable monument national. On le réimprime actuellement, avec des notes, par les soins de la Société d’Agriculture de Paris.

Bernard de Palissy ne doit pas non plus être oublié parmi les anciens agronomes qui ont illustré la France.

Parmi nos agronomes modernes, nous pouvons citer avec orgueil le savant Duhamel, dont les expériences ingénieuses et les nombreux travaux ont éclairé notre agriculture dans beaucoup de ses parties ; le marquis de Mirabeau, Roger Schabol, l’abbé Rozier, etc.

Les Anglais, de leur côté, exaltent les ouvrages de Tull, de Halles, de Homes, de Miller, d’Ellis, et de beaucoup d’autres. Ces ouvrages ont déjà été jugés par des agronomes français. Dupuis d’Emportes avance, dans son Gentilhomme Cultivateur, qu’ils sont remplis d’absurdités, d’inconséquences et de contradictions ; d’autres, plus modérés, se contentent de dire qu’on, trouve dans le petit volume des Élémens d’Agriculture, de Duhamel, plus de bons principes, plus de vues saines, et plus d’instruction certaine, que dans tous les ouvrages de nos rivaux.

Ils offrent aujourd’hui un agronome célèbre dans la personne de l’honorable M. Arthur-Young. On ne sauroit trop admirer son zèle et sa constance infatigables pour se procurer des connoissances exactes sur les procédés de culture des différens peuples ; mais nous observerons que, si ses voyages agronomiques, dans les différens cantons de l’Angleterre, ont été aussi rapides que son voyage en France, il faut encore ajourner l’opinion que l’on doit avoir de l’agriculture de ces diverses contrées jusqu’à plus amples informations.

Deuxième Partie. — État de l’agriculture pratique française, comparé avec celui de l’agriculture pratique anglaise. Il y a long-temps que l’on a dit : On ne dispute souvent que faute de s’entendre. Les livres d’agriculture et les relations des voyageurs ne fournissent que trop d’exemples de la vérité de cette maxime. Nos écrivains agronomes et nos voyageurs disent encore tous les jours que notre agriculture est livrée à une routine aveugle, tandis que l’agriculture anglaise est parvenue au plus haut degré d’intelligence et de perfection.

À les entendre, il semble qu’en se transportant indifféremment dans chaque comté des trois royaumes unis de la Grande-Bretagne, on y trouvera toutes les terres cultivées comme des jardins.

D’un autre côté, si l’on consulte cer-