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varech ; 11°. l’éducation et l’engraissement de tous les bestiaux utiles.

En Angleterre, il est borné aux distilleries d’eaux-de-vie de grains, aux brasseries, à la fabrication des beurres et des fromages, à la préparation du lin et du chanvre, et à l’éducation et l’engraissement des bestiaux.

Pour pouvoir comparer ensemble l’agriculture économique des deux nations, il faudroit avoir un détail exact des procédés et des machines qu’elles emploient dans les différentes parties qui leur sont communes. Alors on pourroit discuter ces procédés, connoître leur dépense, calculer leurs résultats, et donner la préférence à ceux qui se trouveroient les plus avantageux. C’est par de semblables discussions, que l’agriculture des deux nations pourroit s’éclairer et s’améliorer par un échange heureux de procédés avantageux et économiques que l’une pourroit faire avec l’autre. Malheureusement les faits manquent pour établir ces discussions, et particulièrement dans la partie économique de l’agriculture anglaise ; ou les agronomes et les voyageurs ne les ont pas jugés dignes de leur attention, ou plutôt ceux qui en connoissent le mérite, n’ont pu les constater, à cause du mystère dont les Anglais s’enveloppent toujours dans leurs procédés importans. Nous savons seulement qu’ils ont singulièrement amélioré le gouvernement et l’engraissement des bestiaux, principal objet de leur agriculture ; qu’ils fabriquent de la bière excellente, qu’ils font de bons beurres et des fromages renommés ; enfin que leurs distilleries sont plus parfaites et plus économiques que les nôtres. Tel est du moins le jugement qu’en ont porté des agronomes et des voyageurs célèbres.

Cependant, si nous consultons le Recueil des Constructions rurales anglaises, traduit et publié par M. Lasteyrie, ouvrage le plus récent et publié par le Bureau d’Agriculture de Londres, nous y trouvons des reproches bien graves, sur la manière dont les cultivateurs anglais logent, nourrissent et gouvernent leurs bestiaux, et sur les procédés qu’ils emploient dans la fabrication du beurre et des fromages. Nous devons donc penser que, si ces parties de l’agriculture économique sont perfectionnées dans quelques localités de l’Angleterre, ces localités ne sont pas nombreuses, et que les autres méritent les reproches qui leur sont faits par le Bureau d’Agriculture de Londres.

Quoi qu’il en soit, la France peut se glorifier aussi de ses chevaux de Normandie, du Limousin, de la Flandres et de la Franche-Comté ; de ses vaches normandes et flamandes ; de ses mulets de Provence ; de ses beurres de Gournai, d’Isigny et de Bretagne ; de ses fromages de Neufchâtel, de Brie, etc. ; de ses volailles de Normandie et de la Bresse, etc.

Enfin, nous nous croyons fondés à conclure que si l’éducation et l’engraissement des bestiaux sont plus améliorés en Angleterre qu’en France, c’est que ce comestible y est toujours très-cher, à cause de la grande consommation que l’on en fait, et qu’en général notre agriculture économique sait parvenir à des résultats aussi avantageux que l’agriculture anglaise, mais avec des procédés plus simples et plus économiques.

Quatrième Partie. — État des institutions agricoles françaises, comparé avec celui des institutions agricoles anglaises. Nous avons dit que la France étoit essentiellement agricole : cette vérité a été sentie par le meilleur de nos rois, par Henri IV. On en jugera par l’anecdote suivante.

Ce bon roi rencontra dans ses jardins un cultivateur nommé Navarre ; il lui demanda s’il les trouvoit beaux ? Oui, Sire, mais j’en ai de plus beaux et de plus utiles. — Eh ! quel est votre état ?