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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/200

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cultivateurs des départemens, et même avec des agriculteurs étrangers, se feroit rendre compte des différens procédés de culture ou d’industrie agricole de ces différentes localités nationales et étrangères, les analyseroit, en établiroit les avantages et les inconvéniens, les compareroit entr’eux, en assigneroit le mérite, ainsi que les localités de la France où ils pourroient être introduits avec succès, et mettroit tous les cultivateurs en état de perfectionner les procédés de culture ou d’industrie agricole que la nature des choses a établis dans leurs localités respectives.

Enfin, la vente avantageuse des produits de ses récoltes et de son industrie. Nous venons de faire voir que cette vente avantageuse des produits de l’agriculture est indispensable pour son amélioration, et même pour la prospérité générale et particulière. Elle doit être le résultat d’une connoissance exacte des besoins et des ressources annuelles de la France, au moyen de laquelle le Gouvernement, sans actes publics, pourra permettre ou arrêter l’exportation des grains suivant leur prix, pour le maintenir à peu près à celui qui est le plus favorable à toutes les classes de la société[1] ; d’un bon système de communications, et d’un mode convenable de répartition et de perception des contributions.

Si d’ailleurs l’agriculture a besoin d’encouragemens pécuniaires, ils ne peuvent être que momentanés, et seulement dans le cas de désastres particuliers. Il faut cependant que le Gouvernement lui fournisse, en nature, des bestiaux ou des graines qu’il seroit utile de naturaliser en France, après avoir fait expérimenter la possibilité du succès.

Avec ces élémens, le Gouvernement pourra porter l’agriculture française au plus haut degré de perfection auquel elle peut atteindre avec le temps.

Pendant la révolution, la famine organisée par le maximum et par les difficultés de la circulation des grains a électrisé tous les cultivateurs. Ils sont disposés à entreprendre toutes les améliorations locales qui leur paroîtront avantageuses. C’est le moment de profiter de ces heureuses dispositions.

Dans tous les départemens, il s’est formé des sociétés d’agriculture. Celle du département de la Seine a seule le privilège d’avoir des correspondans dans tous les autres et même chez l’étranger. Mais elles ne sont point dotées par le Gouvernement : ce ne sont que des sociétés libres, établies de son consentement, et elles puisent dans la bourse de leurs membres respectifs pour opérer quelque bien.

Elles sont d’ailleurs indépendantes les unes des autres, et à l’exception de celle de Paris et de quelques autres, elles présentent peu de connoissances agricoles, et ne peuvent être d’aucune utilité. Notre Gouvernement n’a pas encore eu le temps de s’occuper de cet objet important ; des intérêts plus grands encore emploient tous ses momens. Espérons qu’il donnera bientôt à l’agriculture toute l’attention que mérite cette source principale de notre prospérité.

Si nous examinons maintenant les institutions agricoles de l’Angleterre, on les trouvera peu considérables, parce que l’agriculture n’est pas la base de sa prospérité. Elles consistent uniquement dans la fondation du Bureau d’Agricul-

  1. Avant la révolution, le prix des grains le plus favorable à toutes les professions étoit celui de 24 livres pour un setier de blé pesant 240 livres. Aujourd’hui que les frais de culture et les autres denrées ou les produits de l’industrie sont fort augmentés, il faudroit porter ce prix de 28 à 30 francs.