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ture de Londres, que l’Angleterre doit au zèle de M. John Sainclair, et qui n’est qu’une imitation de notre ancienne Société Royale d’Agriculture de Paris. La nature a fait beaucoup pour l’agriculture anglaise, en plaçant pour ainsi dire chacune de ses localités au milieu de débouchés avantageux.

Les besoins du commerce de l’Angleterre ont encore ajouté à cette position favorable, par l’établissement de nombreux canaux, et de grandes routes multipliées et toujours bien entretenues.

La sécurité des cultivateurs y est la même que celle des autres habitans ; son gouvernement accorde à tous la même protection ; et la vente de leurs productions est toujours avantageuse, parce que les denrées y sont toujours beaucoup plus chères qu’en France. Il ne manquoit donc à l’agriculture anglaise que l’instruction à laquelle on n’avoit pas encore pensé en Angleterre avant M. John Sainclair, parce que, comme nous l’avons dit, la prospérité de l’agriculture est à peu près indifférente à son gouvernement ; et c’est pour ne pas paroître négliger aucuns moyens de prospérité plutôt que par un besoin réel, que le Parlement d’Angleterre a consenti à y fonder un Bureau d’Agriculture.

Résumé général. Il résulte des tableaux que nous venons de faire de l’agriculture chez les deux nations rivales :

1°. Que l’agriculture, source principale de la richesse de la France, y embrasse beaucoup trop d’objets différens, pour que l’agriculture anglaise, restreinte pour ainsi dire à l’éducation et à l’engraissement des bestiaux, puisse lui être comparée ;

2°. Que les différentes localités de la France présentent des procédés de culture appropriés à la nature de leurs terres, et à la température de leur climat, et qui sont d’autant meilleurs, que les cultivateurs ont trouvé plus d’intérêt à les perfectionner ;

3°. Que le perfectionnement de l’agriculture anglaise, dans quelques uns de ses comtés, n’est point dû à l’importance de cet art sur lequel l’Angleterre ne fonde point sa prospérité, mais aux seuls capitaux que de riches propriétaires y ont consacrés pour leur amusement ; et que, dans les autres comtés, elle y est encore livrée à l’ancienne routine ;

4°. Que les cultivateurs français méritent d’autant plus d’éloges dans l’amélioration de leur agriculture, que, sans autre stimulant que le prix avantageux des grains pendant quelques années successives et quelques encouragemens du Gouvernement, et avec les lumières répandues par la Société Royale d’Agriculture, ils sont parvenus à préserver pour jamais la France de ces famines trop mémorables qui y ont apporté toutes les calamités qu’elles entraînent avec elles ;

5°. Que l’agriculture française atteindra toute la perfection dont elle est susceptible dans ses différentes divisions, lorsque son Gouvernement aura rétabli et amélioré les institutions qui ont commencé sa restauration ;

6°. Que si elle n’offre pas encore cette perfection, soit dans ses procédés, soit ans ses instrumens, soit dans ses constructions, soit dans ses ouvrages agronomiques, l’agriculture anglaise est peut-être, sous tous ces rapports, encore moins bien partagée que la nôtre ;

7°. Enfin, que, si quelques comtés présentent dans leur agriculture un perfectionnement réel, nous pouvons leur opposer, en France, des localités analogues auxquelles on ne peut refuser une culture aussi bien entendue. (De Perthuis.)


AGRONOMIE. C’est, à proprement parler, la théorie de l’agriculture, la connoissance des principes et des règles, qui dirigent le premier, le plus utile,