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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/202

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mais, en même temps, le plus simple de tous les arts. Tout ce qui tend à altérer la simplicité qui doit faire l’essence d’un art, dont les pratiques sont réservées à une classe d’hommes étrangers à d’autres leçons qu’à celles d’une longue tradition transmise par l’expérience, tout ce qui fait naître l’embarras dans les opérations, tout ce qui annonce l’intention de commander les innovations, plutôt que de les conseiller, déplaît souverainement aux cultivateurs et suscite leur défiance. Ils ont été si souvent dupes des spéculations hasardées, des calculs erronés, des projets bizarres sortis du cabinet des agronomes auxquels la pratique de l’agriculture est étrangère, qu’ils font rarement attention aux préceptes que ceux-ci leur prodiguent. L’exemple est, pour eux, le meilleur de tous les maîtres ; c’est le seul qu’ils écoutent : c’est dire assez qu’ils ne reconnoissent pour instituteurs que les agronomes dont les observations, recueillies dans l’habitude de la culture, s’unissent à une théorie saine et peu compliquée. (S.)


AGROSTIS, groupe de plantes qui font partie du genre gramen, ou chiendent de Tournefort. Il est placé dans la troisième section de la quinzième classe de cet auteur. Linnæus l’a rangé dans sa triandrie digynie, qui forme sa troisième classe, ordre second. Dans la méthode naturelle, les agrostis composent un genre qui se trouve placé entre les millets et les stipes, dans la famille des graminées, laquelle fait partie de la seconde classe ou des plantes monocotylédones à étamines hypogynes.

Fleurs, disposées en panicules plus ou moins étalées et finement ramifiées. Elles sont très-petites, composées d’une glume à deux écailles pointues ; d’un calice à deux valves inégales, plus grandes que celles de la glume, sans arêtes, ou barbues. Les étamines sont au nombre de trois, au milieu desquelles est un ovaire terminé par deux styles plumeux.

Fruit. Semence solitaire enveloppée par la baie interne ou le calice de la fleur, dont les deux valves ne s’ouvrent point pour laisser échapper la graine.

Port. Tiges herbacées, qui s’élèvent depuis trois pouces jusqu’à trois pieds de haut, suivant les espèces, et qui meurent chaque année.

Feuilles, longues, étroites et plus ou moins capillaires, comme celles de la plus grande partie des graminées.

Racines, fibreuses dans les unes, noueuses et traçantes dans les autres, annuelles dans quelques espèces, et vivaces dans le plus grand nombre.

Lieux. Les agrostis croissent le plus ordinairement dans les endroits découverts, dans les champs, le long des chemins, sur les pentes des montagnes et dans les lieux humides. Il s’en trouve des espèces dans les quatre parties du monde, et particulièrement sous la zone tempérée.

Propriétés et usages. Tous les animaux herbivores mangent leurs fanes sur place, et leurs semences font une partie de la nourriture des oiseaux granivores. Mais, jusqu’à présent, on n’a point établi, en Europe, des cultures de ces plantes assez en grand pour s’en procurer du fourrage. Cependant, quelques espèces paroissent offrir des qualités qui devroient les faire rechercher des agriculteurs, soit pour former des pâturages, soit pour produire des foins de bonne qualité.

Du nombre des premières sont l’agrostis traçant, Lamarck, Dict. n°. 22, (Agrostis stolonifera L.) le chevelu, n°. 24, (Agr. capillaris L.) et le gernouille, n°. 10, du même auteur, (Agr. canina L.) Ces trois espèces croissent naturellement sous la zone tempérée, dans les lieux humides, sur les bords des chemins, dans les terrains