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donner, de temps à autre, quelques légers arrosemens. Quand elles annoncent par leurs pousses qu’elles sont bien enracinées, on les enlève, et on les traite comme les plants provenant de semis.

On propage encore l’alysse jaune, au moyen des marcottes qu’il faut choisir parmi les tiges les plus hautes, coucher avec précaution, couvrir de feuillages et arroser quelquefois le matin ; en juillet, on les sèvre, c’est-à-dire qu’on les sépare de la plante mère, et, quinze jours après, on les plante à demeure.

La culture a produit une variété dont les feuilles sont agréablement panachées ; l’on ne peut guères la multiplier que par les marcottes. (S.)


AMAIGRISSEMENT, ou Fonte De Graisse, (Art vétérinaire, Économie rurale,) diminution subite de l’embonpoint d’un animal domestique, occasionnée par des travaux trop actifs ou trop prolongés, par l’insuffisance ou la mauvaise qualité de sa nourriture ; la maigreur en est le premier terme, et le marasme le dernier période. (Voyez Marasme.) L’amaigrissement des bestiaux est fréquent dans les pays où les cultivateurs ne se procurent pas assez de fourrages par l’hiver. Il est commun dans les années sèches où l’on récolte peu de foin, où l’herbe des campagnes est brûlée par le hâle ; la mauvaise qualité des foins resserrés humides ou pourris l’occasionne dans les années pluvieuses, surtout lorsqu’on ne présente encore aux bestiaux, dans les étables, qu’une mauvaise nourriture ; c’est la cause principale de la perte de beaucoup de moutons dans la Sologne et le Berri. (V. Maladie rouge, Pourriture.)

La graisse est lente à se former dans le bœuf et le mouton ; elle est chez eux dure et compacte ; ces animaux la reprennent très-difficilement quand ils l’ont perdue. Si l’amaigrissement est accompagné en eux de l’adhérence de la peau à leurs os, de la chute ou du peu de ténacité de la laine, du hérissement du poil, de la pâleur de la conjonctive, (blanc de l’œil) d’un blanc verdâtre dans la cornée lucide, ou de la toux, vainement prétendra-t-on les engraisser. Les soins qu’on leur donne sont superflus, et la dépense en pure perte.

Le cheval, l’âne, le mulet, le chien, et le chat, perdent et reprennent très-facilement leur graisse ; elle est molle, sans consistance et presque fluide dans ces espèces ; ils acquièrent même d’autant plus rapidement de l’embonpoint, que leur maigreur a été plus grande, à moins que son excès n’ait porté atteinte à leurs viscères. Cette facilité de passer de la maigreur à l’embonpoint est la source d’une spéculation coupable dans des marchands de chevaux de trait ou de carrosse. Veulent-ils se défaire d’un cheval ? ils l’accablent de travail, et le privent en même temps de nourriture, ils le font maigrir précisément dans l’intention de lui procurer un engraissement plus prompt et moins coûteux, bien assurés qu’ils donneront en peu de temps une belle apparence à un cheval ruiné ; mais la nature se joue de leur barbare calcul, en rendant ce régime le principe du cornage, du sifflage, de l’immobilité et de douleurs dans les articulations de ces malheureux animaux. Il suffit de faire connoître cette infâme manœuvre, pour mettre en garde un acquéreur attentif contre la belle apparence de l’animal qu’on lui présente, et pour l’engager à examiner s’il possède réellement la vigueur et la santé dont l’embonpoint n’est qu’un signe trompeur. Le premier châtiment du fripon est d’être découvert : il cessera bientôt d’user d’une ruse dont la défiance fera qu’il ne recueillera que la honte et souvent des pertes méritées.

Lorsque les courriers sont très-fré-