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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/232

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quens chez quelques maîtres de poste, le nombre des chevaux insuffisant pour les relais, on ne leur donne pas le temps de digérer, de se reposer, et même de manger. Cet excès de travail, auquel on emploie toujours les plus vigoureux et les plus jeunes, leur cause un amaigrissement considérable, il produit aussi les indigestions vertigineuses auxquelles ces animaux sont exposés.

Il est des états-majors dans les régimens de cavalerie, des cultivateurs peu fortunés dans les campagnes, qui poussent une économie sordide jusqu’à diminuer la ration des chevaux pendant l’hiver ; jusqu’à les faire maigrir, sous le prétexte qu’ils travaillent moins. Cette disette épuise d’abord leurs forces, et le surcroît de nourriture, donné au printemps, lors de l’augmentation des travaux, fatigant leurs organes débilités par l’abstinence à laquelle ils ont été condamnés pendant l’hiver, il en naît des épizooties qui en font périr un grand nombre, dont on est bien loin de rechercher la cause dans une parcimonie mal calculée.

Une constitution foible détermine encore souvent l’amaigrissement des jeunes chevaux d’un caractère vif et courageux, lorsqu’un excès d’ardeur leur fait entreprendre et exécuter des travaux supérieurs à leurs forces. Ces efforts excessifs les énervent, fatiguent leurs membres, et les ruinent. Quand ils ne sont pas entièrement formés, on doit modérer leur travail, ménager leurs forces, et se garder de leur donner des alimens échauffans, si l’on veut les conserver en santé et les préserver du marasme.

Les fureurs utérines, les maladies chroniques de la matrice, ou les maladies vermineuses, sont aussi cause de l’amaigrissement des bestiaux ; mais on doit en chercher les moyens curatifs dans les remèdes de la maladie principale qui l’a produit. Voyez Fureurs utérines, Maladies chroniques, Vers. (Ch. et Fr.)


AMÉLIORATION, (Économie domestique et rurale.) Améliorer, c’est perfectionner les qualités agréables ou utiles des productions des animaux domestiques, soit par l’alliance entr’eux des individus les plus parfaits des races pures les plus estimées, soit par le croisement de ces races avec des espèces indigènes, possédant des qualités différentes ou inférieures.

L’amélioration des races sans croisement a pour but de les maintenir dans leur pureté, et même de les perfectionner. Ce moyen est lent, mais nécessaire à l’amélioration par le croisement ; car il est très-important de puiser dans chacune des races pures les qualités physiques et le caractère qui élèvent au plus haut prix les productions métisses que l’on veut en obtenir. On doit être extrêmement attentif dans le choix des mâles, qui ont une influence plus puissante que les femelles sur les qualités de leurs productions. (Voyez Beauté, Bonté, Appareiller, Dégénération.) Examinons rapidement ce que l’on a fait en France, pour améliorer nos espèces indigènes, et les perfectionnemens que nous pourrions encore obtenir.

Les chevaux nerveux et pleins d’ardeur des pays chauds doivent être préférés, pour l’amélioration de ce magnifique animal, aux productions sans vigueur et indolentes des climats froids. Il est nécessaire que les étalons soient de races pures, et non mésalliés avec des chevaux du Nord. Sobre, ardent, léger, infatigable à la course, le cheval arabe, obéissant à la voix de son maître, est le cheval de selle par excellence ; les races de chevaux fins les plus précieuses de l’Europe, en sont des productions métisses, aucune ne l’égale en beauté, aucune ne le surpasse en vitesse. Qu’il est douloureux de voir le luxe sacrifier à ses éphémères jouissances