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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/240

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dant plus de la moitié de l’année, d’un filet que l’on nomme bout-de-quièvre, et qui peut être employé par-tout ; c’est un petit filet attaché à deux gaules qu’un homme tient de chaque main : il marche dans l’eau, pousse le filet devant lui et le relève de temps en temps.

Je ne parlerai pas de la pêche que l’on peut faire aux anguilles avec la ligne volante, elle ne peut avoir d’intérêt que par l’extrême patience qu’elle exige. Mais la ligne dormante produit souvent une pêche abondante. (Voyez l’article des Lignes.) On place ordinairement la ligne dormante le soir, pour la relever le lendemain matin. Quelquefois on la laisse à demeure pendant tout l’été, saison où cette pèche rapporte le plus ; et l’on se contente d’enlever, chaque matin, le poisson pris pendant la nuit, de remettre de nouveaux appâts et de réparer le dommage qui peut avoir été fait. Dans plusieurs pays du Nord, les pêcheurs vigilans ne jettent leurs lignes dormantes que vers le milieu de la nuit, et vont la retirer de grand matin, parce qu’ils ont remarqué qu’à force de se débattre, l’anguille parvient à rompre les ficelles et à s’échapper. On amorce les hameçons avec des goujons, des ables, de petites lamproies, des loches, etc., ou avec de gros vers de terre. Quelques uns remplacent les hameçons par des aiguilles à coudre ou de longues épines au milieu desquelles ils attachent la ficelle, et qu’ils font entrer dans l’appât. Ils appellent cela pêcher à l’épinette.

À défaut de lignes dormantes, on attache à l’un des bouts d’une ficelle un paquet de roseaux, et à l’autre bout un hameçon garni de son appât. Vers le soir, on jette dans l’eau un grand nombre de ces hameçons, dont la position est indiquée par les roseaux qui surnagent ; le lendemain on tire la ficelle avec précaution, afin que le poisson ne puisse pas se dégager.

Dans les endroits où les anguilles abondent, il suffit, pour les prendre, de leur présenter un gros ver enfilé au bout pointu d’une baguette de bois tendre ; elles s’y attachent si fortement, qu’on peut les tirer de l’eau, sans qu’elles lâchent la baguette. En Espagne, on les pêche depuis le mois de juin jusqu’en novembre, avec un petit morceau de nerf de nerf de bœuf attaché à une ficelle, et dans lequel leurs dents s’engagent.

Aristote indique la saumure comme une substance très-propre à attirer les anguilles ; on en frottoit l’entrée de leurs trous, ou on plaçoit dans une nasse un vase qui en avoit été rempli.

Les nasses et les verveux sont aussi employés avec beaucoup de succès, pour la pêche des anguilles. (Voy. ces deux mots.) On garnit le fond de ces engins avec de la chair et du foie des animaux, de la viande gâtée, des intestins de volailles, des limaçons, des moules, des vers de terre, des lambeaux de grenouilles, etc., etc. Le temps le plus favorable pour cette pêche, est lorsqu’il fait chaud et que le temps est disposé à l’orage. Si les osiers des nasses destinées à prendre des anguilles, ne sont pas serrés l’un contre l’autre, elles parviennent à s’échapper pour peu qu’elles puissent introduire entre les baguettes leur tête ou leur queue. Pour mieux les retenir, on pratique à l’embouchure des nasses, un faux et un vrai goulet qui entrent l’un dans l’autre.

Un panier profond au moins de deux pieds, ayant un pied de diamètre à l’embouchure et huit à neuf pouces par le bas, tient lieu de nasses sur plusieurs parties des côtes de l’Océan. On met au fond un morceau de foie de bœuf assez grand pour en couvrir toute l’étendue, et retenu par un bout de filet à larges mailles ; après l’avoir lesté avec des pierres, on le descend dans l’eau