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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/249

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sées au midi, et abritées du nord par des coteaux, ou par des montagnes.

Les sols tenaces et argileux ne conviennent pas à l’arachide. Elle demande une terre sablonneuse, légère, et bien divisée. La manière dont elle se reproduit, qui est presque l’unique de ce genre dans le règne végétal, indique qu’elle ne peut fructifier avec facilité, et par conséquent à l’avantage du cultivateur, si on ne la place dans un sol dont les parties aient peu d’adhérence entr’elles. L’arachide, ainsi que toutes les plantes légumineuses, pousse, après la floraison, une gousse qui contient le germe des semences que la nature destine à sa reproduction : mais, au lieu de prendre son accroissement et sa maturité à l’air, ainsi qu’il arrive dans les autres plantes, le pédoncule, qui d’abord soutenoit la fleur depuis la gousse qui succède à celle-ci, se recourbe vers la terre, et bientôt la gousse s’y enfonce, y prend accroissement, et y acquiert son degré de parfaite maturité. Si la terre sur laquelle la plante a été semée est trop argileuse ou trop tenace, la gousse ne s’y enfonce qu’avec difficulté ; elle est arrêtée dans sa marche ; et elle ne peut prendre tout le développement dont elle est susceptible ; et souvent même elle avorte sans donner de fruits.

On conçoit, d’après ces considérations physiques, qu’il est nécessaire de cultiver l’arachide sur un sol sablonneux, ou du moins sur une terre susceptible d’être bien divisée par des labours fréquens, et suffisamment profonds.

L’arachide se plaît sur un sol humide ; c’est pour cela qu’on doit établir sa culture dans des terres suffisamment humectées, à moins que l’agriculteur ne puisse venir au secours de la nature par des arrosemens artificiels.

La terre doit être fumée ; car, dans la culture de cette plante, ainsi que dans celle de toutes les autres, les récoltes sont toujours en raison de la quantité d’engrais répandus par les mains industrieuses du cultivateur. Le fumier doit être bien consommé ; et il y aura de l’avantage à le distribuer dans chaque trou, au lieu de l’enfouir en totalité sur toute la surface des champs.

On doit semer toutes les graines de l’arachide de la même manière qu’on sème les haricots dans plusieurs endroits ; c’est-à-dire, que l’on forme, avec un hoyau, des trous peu profonds, à la distance de trois décimètres, dans lesquels on jette deux ou trois graines, et qu’on recouvre, en poussant avec le plat de l’instrument une petite quantité de terre.

L’époque de la semaille doit être déterminée par celle où l’on présume que l’on n’a plus de gelées à craindre. L’arachide est extrêmement susceptible du froid. Si elle étoit atteinte par les gelées tardives du printemps, lorsqu’elle a jeté ses premières feuilles, elle périroit ; et avec elle s’évanouiroient les espérances du cultivateur imprévoyant.

On doit avoir soin, lorsque la plante commence à fleurir, de lui donner un binage, pour extirper les plantes parasites. Ce travail aura lieu dans le cas où les plantes parasites se multiplieroient trop, ou pousseroient avec trop de force. Lorsqu’on s’appercevra que la majeure partie des gousses a pénétré dans la terre, il est temps alors de buter chaque pied, et de recouvrir les gousses qui se seroient rapprochées du sol, mais qui cependant resteroient encore exposées à l’air.

Les ennemis que l’arachide a à redouter sont les mulots, les taupes, les vers, et en général tous les insectes qui attaquent les racines des plantes. Ils se portent de préférence sur celle-ci, parce que la gousse, qui croît sous terre à la manière des tubercules, est facilement