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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/282

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tes, presque linéaires, pointues et garnies de poils soyeux. Les fleurs sont d’un blanc jaunâtre, disposées en épis serrés, et de quatre à cinq pouces de long, portées sur des pédoncules d’environ neuf pouces, lesquels partent des aisselles des feuilles de la partie supérieure des tiges. Ces pédoncules sont cannelés dans leur longueur, et garnis, ainsi que le calice des fleurs, d’aspérités glanduleuses, terminées par des poils noirs et roides. Le fruit est une gousse allongée, pointue, qui renferme de petites semences noires ; elles se conservent en état de germer, pendant trois ou quatre ans, lorsqu’elles demeurent renfermées dans leurs siliques.

C’est encore à feu M. Demidow que le jardin du Muséum doit cette plante intéressante ; il la lui envoya en 1785 ; elle s’y est assez multipliée pour qu’on ait pu mettre ses graines en distribution depuis l’an 8, et la répandre parmi les cultivateurs de l’Europe. Elle est originaire de Sibérie.

Ces quatre dernières espèces n’ont pas encore été indiquées, dans les ouvrages des agriculteurs, pour la composition des prairies artificielles ; nous pourrions y ajouter encore plusieurs autres espèces qui nous paroissent mériter d’être cultivées pour produire du fourrage ; mais leurs habitudes et leurs cultures ne sont pas assez connues ; d’ailleurs, elles ne sont pas assez multipliées pour que celle indication pût être très-utile.

Usages en médecine. L’infusion des feuilles de l’astragale indiqué dans cet article, sous le n°. 3, est employée avec succès, suivant Haller, contre les rétentions d’urine.

Usages économiques. Les habitans des campagne si, dans plusieurs départemens du nord de la France, font infuser dans de l’eau, les racines de l’astragale fausse réglisse, et s’en servent comme d’une boisson rafraîchissante.

Quelques personnes présument que les racines de cette même espèce, hachées, peuvent entrer dans la composition de la bière, et lui donner une qualité supérieure à celle qu’on fait ordinairement. Suivant elles, cette sorte de bière doit mousser davantage, être plus rafraîchissante, et se conserver plus long-temps. L’expérience en est facile à faire dans les pays où cette plante croît en abondance, et elle mérite d’être tentée.

Les graines de plusieurs espèces d’astragales, qui ont une certaine grosseur, sont ou peuvent être employées à la nourriture des hommes et de la volaille. (Bosc, Nouv Dict. d’Hist. Nat.)

Toutes les espèces citées dans cet article sont mangées en vert, avec avidité, par la plupart des animaux ruminans ; et ceux qui les refusent d’abord, s’y accoutument insensiblement, en mêlant leurs fanes avec celles des autres plantes qu’on est dans l’habitude de leur donner. Nous en avons fait plusieurs fois l’expérience. Mais il est bon d’observer que tous les momens du jour ne sont pas également favorables à la coupe de ce fourrage, tant pour sa conservation que pour sa bonne qualité. Lorsqu’on le recueille de grand matin, pour le donner à manger aux bestiaux dans la journée, et qu’on l’amoncele dans une grange ou tout autre lieu abrité du soleil, et où l’air ne circule pas, les bestiaux le mangent avec dégoût ; il leur donne des tranchées, les fait enfler, et quelquefois périr. Les trèfles, la luzerne, le sainfoin, et plusieurs autres plantes données aux animaux dans le même état, produisent à peu près les mêmes effets ; mais en le coupant quelques heures après l’apparition du soleil, lorsque la rosée et l’humidité surabondante des plantes ont été dissipées, et en le donnant aux animaux dans le courant de la journée, sans qu’il ait eu le temps de fermenter et de contracter une odeur qui approche un peu de celle de l’urine de chat, ils le mangent avec plaisir, et n’en