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sont point incommodés. D’après ces faits, connus de beaucoup d’agriculteurs, et d’après les expériences d’Ingenhoutz, ne pourroit-on pas croire que c’est au gaz acide carbonique, que ces plantes expirent pendant la nuit, et qui forme autour d’elles une atmosphère délétère, tant que le soleil ou la lumière ne l’a pas dissipée, qu’elles doivent leurs qualités malfaisantes ? C’est aux chimistes à éclaircir ce fait très-important aux progrès de l’économie rurale.

Usages d’agrément. Les astragales, n° 1, 2. et 6, peuvent être employées dans la décoration des jardins. Placées sur la ligne du milieu des plate-bandes des grands parterres et sur les lisières des bosquets, parmi les arbustes et les sous-arbrisseaux, elles sont susceptibles d’y jeter une variété agréable par leur port, leur verdure et la couleur de leurs fleurs. La sixième espèce seroit très-propre à former des masses dans les grands jardins paysagistes ; si ces masses étoient mises en opposition avec des pièces de prairies naturelles, émaillées de toutes sortes de fleurs, telles que celles du sainfoin, du trèfle écarlate, du pavot qui fournit l’huile d’œillette, du lin, de la chicorée sauvage, toutes plantes qui fleurissent presque en même temps, on obtiendroit des effets intéressans. Les nuances de verdure de ces différentes pièces, qui forment des tapis, et l’éclat varié de leurs fleurs, présenteroient, dans les diverses saisons, des points de vue pittoresques, en même temps qu’on retireroit de la coupe de ces fourrages et de la culture de ces masses, un produit avantageux. C’est en alliant l’utile à l’agréable qu’on établit des jouissances durables.

Culture. Toutes les espèces d’astragales que nous avons indiquées sont des plantes robustes et d’une longue vie. Comme leurs racines sont coriaces, baiseuses, et descendent en terre à une profondeur de 15 pouces à 3 pieds, et plus, elles sont moins sujettes à souffrir de la sécheresse que les plantes qui tracent à la surface du sol. Aussi ne craignent-elles, ni les saisons sèches qui ne durent que quatre ou cinq mois, ni les terrains chauds et secs. Elles ne redoutent pas non plus une humidité passagère ; au contraire, elles n’en deviennent que plus vigoureuses et plus fortes, sur-tout lorsque cette humidité est proportionnée à la chaleur du climat. Les terrains sablonneux, meubles, profonds et un peu argileux, sont ceux dans lesquels ces plantes se plaisent davantage et donnent les plus grands produits. Elles viennent aussi dans les sols maigres et pauvres en humus, avec cette différence que leur végétation est en rapport avec la qualité du sol. Mais alors leur produit, quoique très-inférieur à celui qu’elles donneroient dans un sol riche, surpasse celui de toute autre récolte dans le même terrain. Quant aux terrains compactes, argileux, et dans lesquels séjournent les eaux, ce sont les plus défavorables à la culture de ces plantes. Elles y poussent foiblement, y languissent, deviennent jaunes, et meurent en peu d’années.

Multiplication. Les astragales se propagent de deux manières principales : savoir, par la voie des semis et par celle des drageons et œilletons enracinés. Celle des semis en place est la moins dispendieuse, la plus sûre, la plus durable, mais la plus longue à donner des produits. Celle des drageons et des œilletons plantés à leur destination, manque souvent en partie, lorsqu’à la suite de la plantation, il survient des bâles, des années sèches et chaudes.

Préparation du terrain. Quel que soit celui de ces deux moyens que l’on emploie, il convient que le terrain soit ameubli profondément, et amendé comme pour une prairie de luzerne, à moins que ce ne soit un terrain qui n’ait point fourni de récoltes annuelles, depuis quatre ou cinq ans. Dans ce cas, on peut se dispenser