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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/284

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d’y répandre des engrais aussi abondans. Trois labours profonds, le premier donné au commencement de l’automne, le second pendant l’hiver, et le troisième au premier printemps, sont nécessaires à cette culture. Le dernier labour doit être suivi, peu de jours avant le semis des graines, d’une ou deux façons à la herse, pour émietter le terrain, l’unir et enlever les racines des plantes traçantes qu’ont coupées les labours précédens. Si le sol est humide, ou le climat pluvieux, il est utile que le terrain soit disposé en billons, plus ou moins bombés, suivant qu’il contient plus ou moins d’humidité, et que les eaux y séjournent plus longtemps. Lorsque le sol est d’une bonne nature et le climat en humide, on doit applanir le terrain. Si enfin, il étoit de qualité sèche, ainsi que le climat, il faudroit le couper de sillons en travers de sa pente, pour arrêter la petite quantité d’eau qu’on peut espérer de l’atmosphère.

Semis. Il n’est pas douteux que, dans les départemens du midi de la France, où les gelées de 4 à 6 degrés sont peu à craindre, on ne puisse semer les graines des différentes espèces d’astrales aux premières pluies d’automne ; c’est la saison la plus favorable pour ce climat. Mais, comme les graines des plantes de la famille des légumineuses à laquelle appartiennent celles-ci, lèvent en moins d’un mois, lorsqu’elles sont de la dernière récolte, et que les jeunes plants périssent à ce degré de froid, il est à propos, dans les parties du nord et même du centre de la France, de ne les semer qu’au printemps. On fera prudemment de répandre sur le terrain, avant ou après le semis, une moitié ou trois quarts de semences d’une plante céréale, telle que du seigle, de l’orge ou de l’avoine, pour abriter les jeunes plantules des ardeurs du soleil, et retirer en même temps un produit du terrain. Quant à la quantité des graines d’astragales qu’il convient de semer par mesure de terre déterminée, nous n’avons point de donnée exacte sur cet objet, puisque cette culture n’a pas encore été pratiquée en grand. Mais, d’après la connoissance du volume qu’occupent ces plantes dans les terrains de médiocre qualité, on peut conjecturer qu’étant placées à 8 ou 10 pouces les unes des autres, cela doit être suffisant. Comme les graines des astragales sont menues, on les mêlera avec huit ou neuf fois leur volume de terre sèche, et on les répandra à la volée à la manière des trèfles. Un trait de herse légère, donné sur toute la surface du terrain, suffira pour enterrer les semences que l’on affermira ensuite avec le rouleau. Il est à présumer qu’il s’écoulera plusieurs années avant que l’on ne trouve à se procurer des graines en quantité suffisante pour ensemencer des arpens de terrain. Mais, en attendant, et pour en hâter l’époque, on peut toujours faire des semis en pépinière et par planches, dans un jardin. Lorsqu’on aura réparé le terrain par un labour à double fer de bêche, et qu’on l’aura amendé convenablement, l’on répandra les graines de manière qu’elles se trouvent écartées les unes des autres d’environ deux pouces. Hersées à la fourche, piétinées et terreautées à la manière des graines légumières, elles lèveront avec vigueur, et l’on aura une pépinière abondante de jeunes plants ont on pourra disposer, lorsqu’ils auront acquis la force convenable pour être transplantés. Ce sera à la fin de la première année, si le plant a été cultivé avec soin et que le temps ait été favorable à sa croissance, ou à la deuxième année, ce qui vaudroit peut-être mieux pour la sûreté de la reprise, sur-tout dans les pays méridionaux.

Un autre mode de semis que l’on peut employer, lorsqu’on possède une assez grande quantité de bras pour l’effectuer, c’est celui qui se fait grain à grain, et en