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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/285

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place. Pour cet effet, on a un grand cordeau divisé par des nœuds à égale distance. On le tend sur l’un des côtés de la pièce de terre destinée à recevoir le semis, après qu’elle a été préparée comme nous venons de le dire. On fait une petite fossette vis-à-vis chaque nœud, et l’on y répand trois ou quatre semences qu’on recouvre de terre très-légèrement ; dans ce cas, on peut écarter les touffes de 18 à 20 pouces les unes des autres, et en tous sens. C’est dommage que ce moyen soit long, coûte beaucoup de main d’œuvre, et soit peu praticable dans beaucoup d’endroits, car c’est l’un des meilleurs qu’on puisse employer : peut-être qu’en se servant du plantoir du citoyen Liancourt, on économiseroit du temps ; mais il faudroit prendre garde que les semences ne fussent pas enterrées de plus de deux lignes d’épaisseur, sans quoi elles courront risque de ne pas lever, et l’on manqueroit son but.

Plantation. Les jeunes plants d’astragales ayant acquis la force convenable pour être transplantés avec fruit, on pourra procéder à ce travail de la manière suivante : Le terrain préparé par deux labours profonds et amendé comme nous l’avons dit précédemment, ou lèvera avec une bêche, en commençant par un des bouts de la planche, et à jauge ouverte, une quantité de jeunes plants suffisante pour occuper l’atelier de plantage pendant la journée. On habillera le jeune plant, c’est-à dire qu’on rognera avec la serpette l’extrémité des racines qui auroient été rompues ou déchirées, et celles qui seroient viciées par quelques chancres. On laissera les fanes sèches des plantes, tant pour avoir la facilité de les placer plus commodément, que pour qu’elles servent d’alignement au planteur dans la direction de ses lignes. L’atelier de plantage sera composé d’une charrue à un versoir mobile, s’il est possible, de son conducteur, et d’un ouvrier intelligent et alerte. La charrue tracera un premier sillon de 8 pouces de profondeur au moins, dans toute la longueur d’un des côtés de la pièce ; le planteur la suivra et déposera dans la raie, de 18 en 18 pouces, un ou deux plants d’astragales qu’il tirera d’un tablier attaché autour de ses reins : il les posera le plus perpendiculairement possible sur la terre nouvellement renversée, de manière que le collet de la racine ne soit enterré que d’environ un pouce et demi. La charrue ayant fini sa raie, en commencera une nouvelle à côté, et en remontant vers le point d’où elle étoit partie ; c’est pourquoi il est nécessaire que cette charrue soit à oreille mobile. La terre de ce second sillon remplira le premier, et le plant se trouvera enterré et planté. Comme l’épaisseur de terrain renversé par le second trait de charrue n’est pour l’ordinaire que de 9 pouces de largeur, on laissera ce second rayon vide, et l’on réservera les plants pour le troisième sillon, dans lequel ils seront placés vis-à-vis ceux de la première ligne, à angle droit, le plus exactement qu’il se pourra. En suivant cette méthode de laisser alternativement un rayon vide à côté d’un rayon planté, il s’ensuivra que les plants seront espacés à 18 pouces les uns des autres, et qu’on pourra les façonner aisément. Les drageons et les œilletons pourront être plantés de la même manière.

Travaux d’entretien. Ils se bornent, pendant les deux ou trois premières années, pour les semis, à des sarclages, pour détruire les mauvaises herbes, les empêcher d’appauvrir le terrain, et de nuire aux plantes cultivées. Les plantations, indépendamment des sarclages, doivent être binées en temps convenable pour ameublir la terre, la rendre perméable à l’humidité, à l’air, et faciliter l’extension des racines. Si la plantation est formée par lignes droites, ce travail pourra se faire avec la ratissoire en galère, ou mieux encore, avec la petite charrue qu’on nomme le cultivateur amé-