Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/286

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ricain : avec cet instrument, il s’exécutera plus promptement et plus économiquement qu’à bras d’hommes. Il est inutile de dire qu’il est indispensable de remplacer, pendant les premières années, les plantes qui laisseroient des places vides dans la prairie, et qu’on se sert pour cette opération, suivant l’étendue des places, de la houe, du boyau, et encore plus sûrement de la bêche. La nécessité de ce travail doit être sentie par tous les cultivateurs. La saison la plus favorable pour l’effectuer est l’automne pour le midi de la France, le premier printemps pour la partie du centre, et le milieu de cette saison pour les départemens du nord. Enfin, il est bon de remplacer l’humus du terrain qu’absorbent les plantes, ou que les eaux font descendre en terre à une profondeur trop considérable, pour que les racines des végétaux puissent l’atteindre : pour cet effet, on emploie des fumiers de différentes espèces, des terres de prés ou de fossés, des terreaux de feuilles, et du plâtre, suivant les localités et la nature des terrains. C’est à la fin de l’hiver, un peu avant l’époque où les astragales doivent entrer eu végétation, qu’on répand ces engrais sur le sol, et qu’ils sont le plus profitables.

Récolte. Nous ne présumons pas qu’on doive s’attendre à faire une récolte de fourrage un peu abondante des astragales venus de semis en place, avant la troisième année. La première, il faut laisser sur pied le fanage de ces plantes, afin qui leurs racines acquièrent de la force. C’est une grande erreur de croire qu’en diminuant les bouches nourricières des plantes, dont les feuilles font l’office, on fait grossir les racines : il seroit même à désirer qu’on laissa subsister toutes les feuilles pendant la seconde année, pour que les touffes s’étendissent, et pussent occuper tout le terrain qui se trouve entr’elles. Mais il n’y a aucun danger à les supprimer pendant tout le cours de l’hiver, et lorsqu’elles seront desséchées. La troisième année, on pourra faucher la prairie, et la mettre en coupe réglée. L’époque la plus favorable pour couper ces plantes, et avoir du fourrage de bonne qualité, est la même que pour toutes les autres de la même série, celle du commencement de leur floraison ; alors elles ont acquis à peu près toute leur grandeur, et sont arrivées à leur entier développement ; leur suc propre est disséminé dans toutes les parties de la plante qui, dans cet état, est plus tendre et plus savoureuse ; plus tard, les tiges deviennent coriaces, dures, boiseuses ; elles se dépouillent de leurs feuilles inférieures ; et, privées de la plus grande partie de leur suc propre, qui est employé à la formation des fruits, des semences, et à leur accroissement, elles deviennent insipides et peu nourrissantes. Toutes ces causes occasionnent un déchet considérable sur la quantité, et diminuent sur-tout la qualité du foin.

La faux est l’outil le plus propre à la coupe de ces plantes, qui doivent être coupées le plus près de la terre qu’il est possible, autant pour ne pas perdre de fourrage, que pour ne pas laisser sur pied des parties de tiges fortes qui, devenant dures par le dessèchement, obligeroient le faucheur, à la coupe suivante, de faucher au dessus de la précédente, pour ne pas ébrécher sa faux. L’heure la plus favorable à cet ouvrage est celle à laquelle le soleil a dissipé la rosée et le gaz délétère qui environnent les plantes pendant la nuit, c’est-à-dire, vers les sept heures du matin, dans les jours chauds. Avec cette précaution, on obtient un fourrage qui se dessèche plus promptement, reste d’un beau vert, et est beaucoup plus sain et plus savoureux, lorsqu’on le fait manger frais. Après cette première coupe, on en obtiendra une seconde, en vendé-