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plement chaque longe de dessus en dessous dans l’anneau de l’auge, et si on l’attache à un billot par un nœud coulant. Ce billot montant et descendant quand le cheval hausse et baisse la tête, la longe n’a jamais qu’autant de longueur qu’il en est besoin, et ne formant plus d’anse, il est beaucoup moins à craindre de voir arriver l’Enchevêtrure. (Voyez ce mot.)

La longueur de la longe doit être proportionnée à la hauteur de l’animal ; sa tête reposant par terre, le billot doit toucher l’anneau.

Dans quelques écuries, les longes, qui le plus ordinairement sont de cuir, sont remplacées par des chaînes légères : le billot et la chaîne doivent être d’un poids assez modéré, et en cas d’inquiétude, la têtière du licol doit être garnie d’un feutre doux, pour ne pas occasionner la maladie connue sous le nom de mal de taupe. (Voy. Taupe.) C’est dans des écuries mal tenues que, pour économiser des anneaux, on pratique des trous aux auges, les longes y glissent mal ; c’est une négligence ou une fausse économie qui expose à des accidens.

On attache quelquefois les chevaux à un arbre ou à un poteau, en passant la longe à l’entour, et en l’arrêtant par un nœud. Le cheval faisant des mouvemens, sur-tout baissant la tête et s’approchant du poteau, la longe glisse à terre par son propre poids, et quand le cheval relève sa tête, la longe ne remontant pas, il se donne un choc qui l’effraie ; il fait des efforts, se donne la taupe, se rompt ou se luxe les vertèbres, se force les jarrets en s’acculant ; ou bien il rompt la longe, s’enfuit, et cause quelque autre malheur. Dans le travail, les chevaux souffrent la bride ; mais c’est une imprévoyance dangereuse d’attacher les chevaux à des pierres par terre, à des arbres abattus, à l’anneau d’une porte, aux barreaux d’une grille ; de même qu’il n’y a pas moins d’imprudence à abandonner un cheval tout sellé ou tout attelé, attaché ou non, dans un endroit public. On en sent les suites possibles, sans qu’il soit besoin de les détailler ; il faut, en ce cas, faire tenir son cheval par quelqu’un, autrement on l’expose et on s’expose soi-même.

En route, les conducteurs de chevaux les attachent à la file, afin de pouvoir en conduire un plus grand nombre. L’homme monte le premier cheval, et attache les suivans à la queue l’un de l’autre. Un coup de tête peut arracher les crins, la longe étant prise dedans ; mais elle tient aussi par un nœud sur la queue, et cette ligature, avec un tiraillement continué pendant un jour, peut produire la mortification de la portion de la queue qui est en arrière du nœud, et en déterminer la chute. On rend la ligature moins dangereuse en mettant des étoupes entre la queue et le lien. Cependant on a vu des queues rupturées et arrachées par l’effet des mouvemens désordonnés des chevaux ainsi attachés. On doit donc proscrire cette manière, même pour mener les chevaux boire.

Le moyen, employé avec succès, et ce qu’on nomme vulgairement le couple, est une sangle qui embrasse le cou près du poitrail, et de laquelle part une corde qui règne le long du corps et se rend à une tresse sans fin, dont les deux anses, passées deux fois l’une dans l’autre, embrassent la queue et fournissent à la corde du couple un anneau dans lequel elle glisse. Dans l’œil de la corde est attachée une barre de plus d’un mètre de long qui est fixée au licol du cheval suivant. Cette barre l’empêche d’atteindre les pieds du précédent, et s’il vient à tirer, tout l’effort direct se passe sur le poitrail, et la queue n’est point offensée. On trouve de ces couples chez les cordiers, dans les endroits où l’on fait le commerce des chevaux.