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Il est essentiel, quand on mène des chevaux ainsi par file, de les faire partir tous en même temps. Pour cela, il faut les rendre tous attentifs au mouvement que fait le cheval qui est en tête ; autrement, pendant que celui-ci marche, quelques uns sont surpris, restent en repos, font des efforts pour résister, et s’ils ne peuvent casser les liens, ils s’acculent, s’altèrent les jarrets et les reins ; et, si ce sont des chevaux entiers, ils se donnent quelquefois des Hernies inguinales (Voy. ce mot) dont on ne s’aperçoit le plus souvent que quand l’intestin est gangrené et qu’il n’y a plus de ressource. Après la saignée de la jugulaire, il survient à l’endroit de la piqûre une démangeaison, qui est plus considérable dans les chevaux entiers, d’ailleurs plus exposés à la gale ; le cheval se frotte le cou contre l’ange ou contre la longe même, et il arrive un Trombus ou Mal de Saignée. (Voyez ces mots.) Le moyen d’éviter cet accident, c’est d’attacher le cheval au râtelier, et à deux longes, et de l’attacher court.

La même démangeaison arrive dans toutes les plaies, au moment où elles se cicatrisent ; il faut pareillement empêcher que l’animal ne se frotte en cet endroit, ce qui feroit saigner et ce qui retarderoit la cure. Pour cela, on fixe au dessus de la tête du licol un anneau auquel on attache la longe qui passe dans une poulie fixée au plafond, et qui correspond à une autre poulie mise dans un coin de l’écurie, où il y a un poids attaché à une corde qui a la longueur nécessaire pour donner au cheval la facilité seulement de manger par terre ; ou bien simplement on attache la longe du licol à l’anneau d’un piquet enfoncé à fleur de terre, au milieu d’une écurie, de manière que le cheval ne puisse atteindre aucun corps pour se frotter ; mais il est exposé à l’enchevêtrure.

On peut d’ailleurs diminuer l’intensité des démangeaisons, en lavant souvent les plaies avec de l’eau tiède dans laquelle on aura fait bouillir du son ou de la graine de lin. (V. Démangeaison.)

Les manières d’attacher, dont on vient de parler, peuvent encore être recommandées pour les cas de vertige ; les chevaux affectés de cette maladie se cassent la tête en se déballant. On peut encore leur garnir la tête de paillassons ou de coussins rembourres qui garantissent des contusions souvent très-graves qu’ils se donnent alors.

On peut aussi matelasser toute une écurie pour ces cas, si l’on a beaucoup de chevaux, et qu’ils se trouvent fréquemment attaqués du vertige. (Voy. Vertige.)

Dans les pâturages, quelques personnes modèrent les chevaux qui ont de la disposition à courir, à sauter, en leur attachant un des bouts d’une corde à un pied de devant, et l’autre bout à l’autre pied de devant ou au pied de derrière de l’autre côté, et en ne donnant à la corde entre ces deux pieds, que la longueur suffisante pour permettre les mouvemens nécessaires. On attache aussi la corde à un pied de devant et à la têtière du licol, pour leur faire tenir la tête basse et les empêcher de sauter.

On emploie pour le même but, et avec plus d’avantage, une anse de fer passée autour du paturon et fixée par une charnière, et une fermeture à une serrure ou cadenas rond et allongé, qui repasse au dessus de talons. Cette espèce de serrure se nomme abot dans quelques endroits. Elle empêche le cheval de marcher vite, et s’oppose en outre à ce qu’un voleur ne l’emmène facilement ; mais il font garnir d’un feutre l’anse, afin d’éviter les contusions trop fortes, que l’abot pourroit causer par la compression et le frottement réitéré ; néanmoins ce moyen cause, malgré ces précautions, des tu-