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connoît dans le commerce sous le nom de colle de poisson, et que les peuples du Nord façonnent avec la vessie aérienne des esturgeons. Quelques pêcheurs russes, établis sur les bords des fleuves qui se jettent dans la mer Caspienne, savent augmenter le produit de leurs pêches, en préparant cette colle avec les barbeaux qu’ils prennent en abondance en certaines saisons ; ce genre d’industrie m’a paru devoir intéresser assez l’économie domestique, pour en faire mention. (S.)


BARBILLON, et, par corruption chez le vulgaire, barbion et barbiaut. C’est le barbeau petit et jeune. (Voyez l’art. Barbeau. (S.)


BASELLE, ou BAZELLE, genre de plante appartenant à la famille des chénopodes, et faisant partie de la nombreuse pentendrie de Linnée.

Parmi les cinq sortes de baselles, les deux suivantes sont comestibles, et doivent trouver place ici.

1°. Baselle rouge, basella rubra.

Fleurs, petites, purpurines, en épis axillaires.

Fruit. Baie noire, contenant un suc pourpre.

Feuilles, alternes, ovales, entières, charnues, de couleur rouge.

Port. Tige grimpante, succulente, rameuse, rouge pourpre, s’élevant à cinq ou six pieds.

Lieu, les Indes-Orientales.

Durée. Bisannuelle.

Propriétés. Bosc dit que le suc des baies de cette plante est employé utilement en fomentation sur les boutons de la petite vérole.

Usages. Ses feuilles sont alimentaires et se mangent commel’épinard commun.

Synonymie. Baselle rouge, épinard ronge, épinard d’Amérique.

Culture. On sème les graines en février, mars ou avril, sur couche, où on repique le plant quand il est assez fort ; on peut aussi le repiquer en pleine terre, au midi. On soutient les tiges avec de légères baguettes de deux à trois pouces.

Le savant voyageur Poivre fait mention de cette plante, qu’il annonce être cultivée comme légumière en Chine ; elle prospère bien en France, et doit être considérée comme un herbage légumier de plus à cultiver dans les jardins potagers.

2°. Baselle blanche, basella alla, ne diffère de la précédente que par la couleur. (Tollard aîné.)


BATATE. Après avoir rangé cette plante dans la véritable classe que les botanistes lui ont assignée, Rozier exprimoit le vœu qu’un jour sa culture fût admise sur le sol de la France ; et, pour cet effet, il conseilloit de faire venir d’Espagne des tubercules et de la graine, de planter les uns et de semer les autres. J’ai mis à profit ce conseil, en tirant directement de Malaga des batates que j’ai confiées à messieurs Broussonnet et Puymaurin, qui ont bien voulu se charger d’en tenter la naturalisation au jardin de Botanique de Montpellier, et à celui de la ci-devant Académie de Toulouse.

Déjà elles commençoient à faire concevoir les plus heureuses espérances, lorsque le froid de 1788, qui, dans ces contrées, a été de neuf degrés, est venu les anéantir. M. Puymaurin ne s’est pas découragé, il s’est procuré des balates d’Espagne qui ont couvert jusqu’à un quart d’arpent des environs de Toulouse ; il en a distribué à différens particuliers, et même à des créoles qui, les ayant trouvées comparables à celles d’Amérique, ont demandé à les cultiver. Il y a tout lieu de croire que ses efforts soutenus ne seront pas sans succès ; nous en avons pour garant son amour bien connu pour l’utilité publique.

Quelle heureuse perspective pour les voyageurs qui, à l’exemple des Com-