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naire.) Parmi les animaux domestiques, le cheval est celui qui contribue davantage au service et à l’agrément de l’homme ; on devoit donc s’attacher à perfectionner ses formes. Mais comment définir ce qui constitue le caractère spécial de la beauté de cette espèce ? La beauté, dans les choses mêmes les plus familières, est très-difficile à choisir : chacun la voit, chacun la sent à sa manière, chacun l’apprécie par les points qui attirent davantage son attention. Le vrai beau frappe la multitude, mais n’est bien apprécié que par celui qui a étudié chaque objet de détail ; le goût, qui procède en partie de la perfection de nos sens, vient aussi de la justesse du discernement, de la profondeur de l’esprit, de notre sagacité à pénétrer les différentes parties, et de la précision à juger l’ensemble.

L’élégance, la solidité, les proportions, forment un beau tout : il faut de plus à un beau cheval des mouvemens sûrs et gracieux.

Le caractère distinctif du beau est dans la forme extérieure et dans une exacte symétrie dans toutes les parties d’un animal, de manière qu’il n’y ait point d’incohérence dans cette unité, point de discordance dans cette harmonie. Pour en bien juger, il faut avoir fait une étude approfondie de la composition de chacune des parties, de ses fonctions et de ses rapports. Il faut ajouter à ces connoissances, le goût, ou ce tact délicat, ce sens exquis qui saisit le beau, auquel nul point de perfection n’échappe.

Outre ces préparations et ces dispositions nécessaires, il faut se rendre très familières les occasions de juger de la beauté : alors on réunit les qualités qui constituent ce qu’on appelle le vrai connoisseur. Les peintres et les statuaires qui ont le cheval pour objet trouveront dans le Traité de la connoissance extérieure du Cheval, par M. Bourgelat, les proportions géométrales que nous ne pouvons placer ici. Les personnes pour qui nous écrivons peuvent lire l’abrégé de ce qu’il leur importe de savoir à cet égard, à l’article Bonté du cheval. Voyez ce mot. (Ch. et Fr.)


BÉCASSE, (Scolopax rusticulo L.) La longueur démesurée du bec est l’attribut qui frappe d’abord dans cet oiseau ; c’est de là qu’il a pris son nom chez la plupart des peuples, tant anciens que modernes. Ce bec, droit et presque cylindrique, se termine par une pointe charnue, et arrondie plutôt que carrée ; il est rude, comme barbelé aux côtés vers son extrémité, et creusé sur sa longueur de rainures profondes. Après ce long nez, ce qui se fait le plus remarquer dans la bécasse, sont ses grandes jambes, sur lesquelles cet oiseau semble être monté connue sur des échasses. Aussi, les naturalistes le placent-ils dans une division d’oiseaux qu’ils nomment échassiers, à cause de leurs longs pieds et de leurs jambes nues en partie.

« La tête de la bécasse, dit l’immortel Buffon, aussi remarquable que son bec, est plus carrée que ronde, et les os du crâne font un angle presque droit sur les orbites des yeux. Son plumage, qu’Aristote compare à celui du francolin, est trop connu pour le décrire ; et les beaux effets de clair-obscur, que des teintes hachées, fondues, lavées de gris, de bistre et de terre d’ombre y produisent, quoique dans le genre sombre, seroient difficiles et trop longues à décrire dans le détail. » Histoire naturelle, vol. 57 de mon édition, page 372.)

C’est, de tous les oiseaux de passage, celui dont on fait le plus de cas. Sa chair, noire et ferme, a un goût excellent, du moins pour le palais de l’homme : les chiens et la plupart des animaux n’en mangent point ; mais le fumet, qui les rebute, est précisément ce qui nous