sait éviter aucune embûche. C’est une moult sotte béte, a dit avec raison notre vieux et excellent observateur Belon, dans son ouvrage qui a pour titre : Nature des Oiseaux.
Lorsque, dans un canton fréquenté par les bécasses, il se trouve des gorges ou vallons abrités, ou quelques mares, ou queue d’étangs à la proximité d’un bois, si sur-tout la mare est jointe au bois par un vallon, ce sont autant d’endroits où un bon tireur peut se mettre à l’affût, avec la certitude de voir tomber le gibier sous ses coups, à son passage du soir et du matin. Cet affût, au reste, ne peut guères durer qu’une demi-heure ou trois quarts d’heure ; et il veut un chasseur exercé, car la bécasse vole avec rapidité, quand elle a enfilé un passage libre. On peut l’attendre aussi à la brune, au bord des eaux qu’elle fréquente, pour la tirer quand elle est abattue : c’est ce que les chasseurs appellent la chute aux bécasses. On reconnoît les endroits où l’on peut raisonnablement espérer de rencontrer ce gibier, tant à l’empreinte qu’il y laisse de ses pieds, qu’à ses fientes, qui sont de larges fécules blanches et sans odeur, dites miroirs, en terme d’oisellerie.
À l’époque où les bécasses quittent nos bois, pressées par le besoin de se reproduire, c’est-à-dire à la fin de février, ou au commencement de mars, on se place, le soir, dans une tranchée de la forêt, vis-à-vis d’une clairière ; les bécasses se font entendre après le coucher du soleil, les mâles se poursuivant, ou se disputant les femelles, et on les tire au vol. Cette chasse, qui ne peut durer qu’une demi-heure, à cause de l’obscurité, se nomme, en quelques cantons, la passe aux bécasses, et suffit pour tuer plusieurs de ces oiseaux.
La chasse faite aux bécasses en plein bois demande un grand bruit d’hommes et de chiens, pour forcer ces oiseaux à se lever. À leur départ, leur vol est lourd et bruyant ; et, si le bois est clair, ils font beaucoup de détours et crochets pour gagner le haut des arbres ; alors, il est assez difficile de les tirer. Mais, dans un bois peu fourré et bien percé, il devient plus aisé de les tuer lorsqu’elles partent. Il est encore avantageux, pour cette chasse, de faire monter un homme sur un arbre un peu haut, pour remarquer l’endroit où la bécasse s’abat, et l’indiquer aux chasseurs. L’on peut aussi se servir d’un chien d’arrêt ; mais il est nécessaire de lui attacher au cou des grelots qui indiquent la direction qu’il prend dans le bois, et dont le silence annonce qu’il est en arrêt. Quelques chiens de plaine donnent de la voix quand la bécasse part ; alors le chasseur est averti.
Les pièges les plus usités pour prendre ce gibier, sont les lacets et collets, et les filets connus sous le nom de pantière ou pantaine.
Les uns et les autres se tendent aux lieux du passage des bécasses, et dans les chemins qu’on voit qu’elles fréquentent, pour gagner les abreuvoirs, les champs, ou les vallons. On tend les lacets, ainsi que les collets, à la brune, aux avenues des abreuvoirs, et dans le bois où l’on sait que les bécasses sont cantonnées. Pour cela, on ferme leur passage avec des genêts ou autres branchages sur la plus grande étendue de terrain qu’il est possible d’occuper. On laisse, dans cette haie artificielle, qui doit être au moins haute d’un demi-pied, des trouées où peut passer une bécasse seule, et l’on tâche qu’autant de voies faciles conduisent à ces trouées. À chacun de ces passages est disposé ou un lacet couché à terre, ou un collet arrêté par un bout à un fort piquet, et qui, de l’autre, présente un nœud coulant au col de la bécasse. Cette chasse s’appelle aussi la passée, et elle est très lucrative.
Il est une autre manière de tendre le