Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/317

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ficelle qui, au moyen d’un piquet percé d’un trou, forceroit le croissant à se tenir incliné. Cette ficelle, une fois cachée, permettroit aux cordes entraînées par le poids de la pantaine de relever le croissant ; ce qui dégageroit les boucles infailliblement, et sans effort. (S.) »


BÉCASSINE, (Scolopax gallinago L.) Si l’on diminue toutes les proportions de la bécasse, et si l’on fait dominer le gris et le noir sur son plumage, l’on aura la bécassine. Il n’est point de marque extérieure qui puisse faire distinguer les sexes dans l’espèce de la bécasse ; mais l’on a observé, dans celle de la bécassine, que la tête du mâle est rayée de quatre traits bruns, au lieu que celle de la femelle n’en a que trois.

C’est en automne que ces oiseaux nous arrivent ; ils nous quittent, pour l’ordinaire, pendant les grands froids, et reparoissent au printemps, pour disparoître encore en été. Cet itinéraire annuel des bécassines ne doit pas être entendu dans un sens absolu. En effet, plusieurs de ces oiseaux restent l’hiver dans nos marais ; et il est des contrées, telles que l’Auvergne, où d’autres passent l’été pour y nicher. Leur nid, construit avec des plantes sèches et des plumes, est placé au pied de quelque arbre, dont la tige s’élève au dessus d’un fond marécageux ; la ponte est de quatre ou cinq œufs blanchâtres et tachetés de roux. Les petits, comme ceux de la bécasse, quittent le nid aussitôt après leur naissance. Si la mère est troublée pendant son incubation, on la voit s’élever perpendiculairement dans les airs, à une grande hauteur, en jetant un cri particulier, puis descendre avec la rapidité d’un trait. Cette manœuvre, effet de la sollicitude maternelle, est une indication certaine pour découvrir les nids de ces oiseaux.

On apprête les bécassines, comme les bécasses, sans les vider ; leur chair a un goût exquis : elles sont ordinairement fort grasses, et leur graisse est en même temps délicate et savoureuse. C’est après les premières gelées qu’elles deviennent un mets plus fin. Nos aïeux avoient remarqué que ce gibier fait trouver le vin bon. « Elle, (la bécassine) dit Belon, » dans son vieux et naïf langage, est fournie de haulte graisse, qui réveille l’appétit endormi, provoque à bien discerner le goût des francs vins ; quoi sachant, ceux qui sont bien rentés la mangent pour leur faire bonne bouche. » (Nature des Oiseaux.)

De même que dans l’espèce de la bécasse, il y a dans celle de la bécassine deux races distinctes : l’une, qui est près de moitié plus grosse que l’autre ; celle-là est plus rare, et se distingue, non seulement par sa taille et quelques nuances dans le plumage, mais encore par quelques habitudes. Son vol, son cri, ne sont pas les mêmes ; elle se décide difficilement à prendre son essor, et elle se fait suivre par les chiens, comme le râle. Les chasseurs l’appellent double bécassine.

Quoique les bécassines se montrent encore en assez grand nombre dans nos pays, elles y sont moins multipliées qu’autrefois. Cette observation a été faite aussi au sujet des bécasses, des alouettes, et de tous les oiseaux sauvages dont le luxe charge ses tables avec une prodigalité subversive des lois de la nature, et destructive des droits de la postérité. (Voyez l’article Alouette.)

Chasse de la bécassine. La bécassine donne lieu à peu près aux mêmes chasses que la bécasse, excepté pourtant qu’il ne faut point la quêter, ni sur les montagnes, ni dans les bois, où elle ne se cantonne point, mais bien dans les marais, à l’entour des queues d’étang, et, en général, dans les terrains humides et fangeux, couverts de longs herbages, et le long des rivières bordées d’osiers. Elle se