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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/318

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tient soigneusement cachée dans les roseaux et les autres plantes des lieux fangeux, où les chasseurs ne peuvent aller qu’en garnissant la plante de leurs pieds d’espèces de longues raquettes faites de planches légères, pour ne point enfoncer dans le marais.

Quand on chasse au fusil, il est bon que le chasseur connoisse le cri de cet oiseau, qui a quelque ressemblance avec le meé meé des chèvres, et qui lui a fait donner le nom de chèvre volante, afin de l’imiter à propos, et de pouvoir attirer son gibier sous ses coups. Quand la bécassine prend sa volée, elle fait entendre un autre petit cri, court, et sifflé.

Il est encore avantageux de la quêter avec le vent au dos, parce que, de même que la bécasse, elle part et vole contre le vent : par-là, venant au chasseur, celui-ci a plus de facilité pour la tuer. Enfin, comme en partant, elle fait deux ou trois crochets, on ne doit point se presser de choisir cet instant pour la tirer ; il faut, au contraire, la laisser bien prendre son vol : elle file alors deux ou trois cents pas, et n’est pas plus difficile à tirer, dans ce moment, que tout autre oiseau. On peut d’ailleurs la tirer de loin ; car il suffit, pour qu’elle tombe, qu’un seul grain de plomb la touche.

On lui tend, autour des marais, les mêmes collets et lacets que j’ai décrits pour la bécasse. On se sert, de plus, du traîneau, comme pour les alouettes ; seulement on laisse traîner par derrière plusieurs bouchons de paille qui battent es herbages, et excitent la bécassine à s’élever.

Cette même chasse se fait encore avec un autre filet, dit traîneau portatif, parce qu’un homme seul peut le porter. La construction en est simple. Dans un morceau de bois long de trois pieds, et de trois pouces environ d’équarrissage, sont emmanchés, d’un côté, et à chaque bout, deux perches ou bâtons assez légers, longs de dix pieds environ, et dont l’emmanchement est assez divergent pour qu’à leur extrémité ils aient environ neuf pieds d’écartement. Au côté opposé du morceau d’équarrissage, et à son milieu, est enfoncé un autre bâton long de quatre pieds, d’une grosseur telle, qu’on puisse commodément l’empoigner : ce bâton est le manche de la machine ; il sert à la porter. Sur les deux perches opposées est arrêté un filet à mailles en losange, et de dix-huit lignes au plus de large. Le chasseur, armé de cet instrument, se rend, la nuit, ou même le jour par un temps nébuleux, aux lieux où il sait que se trouvent des bécassines ; et, battant les herbages de son filet, il les force à s’élever ; ce qu’elles font, portant le bec en l’air. Elles s’engagent ainsi dans les mailles, et le chasseur les y arrête tout à fait eu laissant tomber le filet. (S.)

BÉCASSINE, (petite) surnommée La Sourde, (Scolopax gallinula L.) Cette espèce, bien distincte de la bécassine ordinaire, porte, en différens lieux de la France, les noms de becquerolle, ou boucriolle, de hanipon, de bécot, de jacquet, et de deux pour un. Plus petite de moitié que la bécassine, elle n’excède pas l’alouette en grosseur. À l’exception de quelques reflets, et de quelques nuances, son plumage est le même que celui de la bécassine ; mais son bec est, en proportion, moins allongé.

On la trouve dans les mêmes lieux ; elle se cache avec plus de soin ; et, pour la faire lever, il faut presque marcher dessus, d’où lui est venu le surnom de sourde. On ne peut guères la tirer qu’à l’aide d’un bon chien d’arrêt ; et l’on ne réussit pas toujours à la faire sortir de dessous les couches de joncs, de glayeuls, et d’autres herbes tombées au bord des marais. Aussi celle chasse n’est pas fructueuse ; et, tandis qu’il n’est pas rare de