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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 11.djvu/327

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qu’il faut consacrer de préférence à la culture des végétaux dont les racines sont sucrées ou amilacées.

Au reste, quel que soit le sort du travail de M. Achard, considéré relativement au sucre de betterave, ce savant aura toujours acquis des droits à notre reconnoissance : en appelant l’attention des agronomes sur cette plante, il contribuera à étendre sa culture en grand ; et l’économie rurale ne doit pas moins faire tous ses efforts pour augmenter dans les végétaux la matière sucrée, puisque c’est un moyen de les rendre plus nutritifs, plus salutaires, plus agréables aux hommes et aux animaux.

Nous ne présumons pas, il faut le répéter, que nos plantes d’Europe, particulièrement les racines potagères, puissent jamais valoir la peine et les frais de l’extraction du sucre en grand ; en supposant même que la betterave soit celle qui en contienne le plus, et que, par des procédés particuliers, on vienne à bout d’en doubler la quantité, il faudra toujours, pour le débarrasser de ses entraves muqueuses et extractives, déchirer les réseaux fibreux où il est renfermé, employer les expressions, les dépurations, les filtrations, les évaporations, opérations qui ne manqueront pas de détruire une portion notable du principe sucré, et réduiront toujours les tentatives de ce genre à un travail de pure curiosité. Mais, dira-t on, la présence du sucre dans les végétaux étant une condition sans laquelle on ne peut obtenir de fermentation vineuse, et par conséquent d’alcool, il seroit possible, s’il faut renoncer à l’extraction du sucre de betterave, de retirer de cette racine, à l’instar de la carotte, de l’eau-de-vie. Les expériences que vient de faire M. Richard d’Aubigny répondent encore à cette objection ; il a prouvé, sans réplique, qu’elle reviendroit constamment à des prix trop élevés, pour jamais entrer en concurrence, même dans les pays où le combustible, la main-d’œuvre et les transports sont au taux le plus modéré ; et cela n’est pas malheureux pour notre commerce des eaux-de-vie, qui continueront toujours à être recherchées par les étrangers, parce qu’elles ne peuvent être mélangées utilement pour les falsificateurs.

Une circonstance qui semble devoir justifier les tentatives de ce genre, c’est que, quand les matières qui en font l’objet manquent par une cause quelconque, il faut bien les chercher dans des supplémens, mais ne les considérer que comme des ressources du moment, former des vœux pour n’en avoir jamais besoin, et ne point abuser, par des plantations souvent superflues et assez longtemps infructueuses, de terrains mieux employés à fournir annuellement les alimens auxquels nos organes sont accoutumés.

Laissons aux abeilles le soin de courir la campagne pour puiser au fond du nectaire le sucre mou qu’elles ramassent, sans opérer de dérangement dans les organes délicats des plantes ; laissons à l’industrie de nos colons retirer de la canne le sucre sec tout formé, que la nature y a déposé avec une si grande abondance ; permettons-leur de convertir en rhum et en tafia celui qui est incristallisable ; appliquons-nous à perfectionner les appareils distillatrices, à ne faire de l’eau-de-vie qu’avec nos vins, et à enlever à celle qui provient des marcs de raisins le goût d’empyreume qui en est presque inséparable ; propageons, conservons aux bestiaux un des alimens dont ils sont si friands ; voilà l’emploi le plus utile et le plus raisonnable, nous osons le dire, qu’il soit possible de faire de la betterave champêtre et de tous ses produits. (Parmentier.)


BEURRE FONDU, (Économie do-